Le (petit) petit-cousin de Florès

Une nouvelle découverte suscite bien des interrogations.

Publié le 4 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

A quelle espèce se rattache la créature humaine de 1 mètre de haut et âgée de 18 000 ans identifiée en 2003 sur l’île de Florès ? Le minuscule crâne retrouvé dans une grotte au sud de l’archipel indonésien ne ressemble à rien de connu. Par sa capacité (moins de 400 cm3), il est plus proche de celui des australopithèques qui vivaient il y a plus de 3 millions d’années, voire du chimpanzé, que de celui de l’homme moderne. Mais ses petites canines et sa bipédie – attestée entre autres par la position du trou occipital – le classent incontestablement dans la lignée des Homo. Ce que pourraient confirmer les outils primitifs trouvés dans les parages.
Reste la question de la taille. Les scientifiques ont une explication. Protégée de la concurrence des autres espèces par l’isolement insulaire, une population animale voit ses caractères évoluer considérablement. Soit elle grandit, comme dans le cas des rongeurs ou des lézards, soit, au contraire, sa taille se rétrécit. On a trouvé au large de la Sibérie des restes de mammouths ne dépassant pas 1,8 mètre. Homo floresiensis a probablement connu le même phénomène de nanisme. Selon ce scénario, il serait un descendant d’Homo erectus arrivé – on ne sait comment – dans l’île il y a environ 800 000 ans avant de s’éteindre il y a quelque 15 000 ans. Et si, comme l’avancent certains paléontologues, Sapiens a transité par Florès pour aborder l’Australie il y a 60 000 ans, il a très bien pu coexister avec son (petit) petit-cousin Floresiensis
L’idée selon laquelle l’homme de Florès constituerait une espèce d’Homo à part ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique. Des chercheurs américains et indonésiens prétendent qu’il n’est rien d’autre qu’un Sapiens atteint de microcéphalie, une pathologie qui se traduit par un volume anormalement petit du crâne (voir J.A. n° 2381). Comment une lignée de handicapés dont l’espérance de vie est nécessairement faible aurait-elle pu subsister pendant des dizaines de milliers d’années (entre – 95 000 ans et – 15 000 ans, dates des couches où ont été trouvés une dizaine d’individus comparables), rétorquent les partisans de la thèse de la nouvelle espèce. Le débat reste ouvert.

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