L’Ange déchu

Publié le 4 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Il est peu probable qu’Ange-Félix Patassé finisse au bagne. Pourtant, le 29 août, l’ex-président centrafricain a été condamné par contumace à vingt ans de travaux forcés pour « faux et usage de faux » par la Cour criminelle de Centrafrique. Lui et son ex-conseiller, Luis Sanchez, ont été également condamnés à payer 7 milliards de F CFA (10,7 millions d’euros) de dommages et intérêts à l’État centrafricain. Selon l’accusation, le montant des sommes détournées dépasserait 70 milliards de F CFA (106 millions d’euros). Ce manque à gagner proviendrait de la vente de 55 000 t de carburant gracieusement cédées à Bangui en 1999 par son allié libyen. Patassé et ses collaborateurs auraient également détourné la moitié d’un prêt de 6,6 milliards de F CFA consenti par la Libyan Arab Bank en 2000 pour le paiement des arriérés de salaires des fonctionnaires.
Élu à la tête du pays en 1993, Ange-Félix Patassé a été renversé le 15 mars 2003 par le général François Bozizé. Depuis Lomé, où il vit en exil, le président déchu a rejeté le verdict de la Cour, estimant qu’elle n’était pas compétente pour se prononcer sur son cas : « Je suis un président légitime et légal. Nous ne pouvons éventuellement être jugés que par la Haute Cour de justice pour haute trahison. »
Le verdict du 29 août ne fait qu’entériner l’élimination de Patassé du paysage politique banguissois. Le 25 juin, l’ancien Premier ministre Martin Ziguélé a été élu à la tête du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) après un congrès extraordinaire qui a décidé la radiation d’Ange-Félix Patassé. Après avoir été privé de son titre de chef d’État, puis de sa casquette de chef de parti, le voici aujourd’hui déchu de ses droits civiques.
Une situation similaire à celle d’un Didier Ratsiraka. Condamné le 6 août 2003 par contumace à dix ans de travaux forcés pour détournements de fonds publics, l’ex-président de Madagascar se retrouve dans l’impossibilité de se présenter à la présidentielle de décembre prochain.
Quant au feuilleton judiciaire, son prochain épisode se jouera hors du pays. Si la justice centrafricaine s’est déclarée qualifiée pour juger les crimes économiques, elle a choisi de renvoyer le cas Patassé devant la Cour pénale internationale (CPI) pour les exactions commises contre des civils par les forces armées centrafricaines, lors de la répression consécutive à la première tentative de coup d’État du général Bozizé, en octobre 2002. Une décision de justice de la CPI contre Patassé pourrait être beaucoup plus contraignante.

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