Documentaires polémiques

Les États généraux du film documentaire de Lussas ont mis l’Afrique à l’honneur, avec le conflit israélo-arabe en toile de fond.

Publié le 4 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Encore une fois, des centaines de personnes, réalisateurs, producteurs, programmateurs, ou simples spectateurs, venus de nombreux pays, se sont rencontrées du 20 au 26 août à Lussas, petit village du sud de la France, où se tiennent depuis dix-huit ans les États généraux du film documentaire. Cette année, cette manifestation a débuté dans la polémique. En effet, la « Route du doc », section du festival consacrée aux films d’un pays étranger, accueillait des films israéliens. Pris de plein fouet par la guerre au Liban, par les effets des images des chaînes de télévision, les organisateurs ont décidé, avec peut-être une certaine maladresse, de déprogrammer quelques-uns des films israéliens pour faire de la place à des films palestiniens et libanais. Certains cinéastes israéliens, choqués de cette décision, se sont solidarisés avec leurs compatriotes et ont retiré leur film. D’autres au contraire ont choisi de venir, estimant que leur était offerte une occasion de rencontre et de confrontation.
Pourtant on ne pouvait qu’être frappé par la proximité des visions des cinéastes invités, qu’ils soient d’un côté ou de l’autre du mur. Désastre, désolation, destruction que nous ont donné à voir aussi bien le film du Palestinien Kamal Aljafari, Alsateh (Le Toit) – qui montre, à travers la vie quotidienne d’une famille palestinienne, la difficulté à vivre sans toit dans un monde où le béton aussi est armé -, qu’Hommes sur le bord, des Israéliens Macabit Abramson et Avner Faingulernt sur l’histoire à la fois d’amitié et de rivalité de pêcheurs palestiniens et israéliens travaillant ensemble, à la frontière entre Israël et Gaza.
Depuis quatre ans, les États généraux consacrent également deux jours à l’Afrique. Lors de l’édition 2006, la section « Afrique » a projeté les premiers films d’Africa doc, dispositif d’accompagnement à l’écriture, la réalisation et la production de documentaires réalisés par de jeunes africains, créé par Jean-Marie Barbe, l’un des fondateurs du festival. Ainsi l’émouvant Amma, les aveugles de Dakar du Sénégalais Mamadou Seyllou Diallo, sur ces aveugles qui s’organisent pour se faire reconnaître et pour vivre de leur « travail » de mendicité. Ou encore Nyani, du Malien Amadou Khassé Théra, sur les conséquences dramatiques de l’excision qui a encouragé, par les conflits qu’a suscités sa réalisation, le vote d’une loi interdisant l’excision au Mali.
Enfin, ceux qui l’ont vu se souviendront longtemps du splendide film du Belge Pierre-Yves Vandeweerd, Le Cercle des noyés, du nom donné aux prisonniers politiques noirs en Mauritanie, enfermés dans l’ancien fort colonial de Ouatata. Images d’une force exceptionnelle, portées par le texte sobre et la voix émouvante de l’un d’entre eux, Ba Fara, qui font éprouver la violence de cet enfermement et sont, à ce titre, un véritable document.

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