Des djihadistes au-dessus de tout soupçon

Publié le 4 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Le terrorisme djihadiste menace plus que jamais le Maroc, déjà victime d’opérations kamikazes en mai 2003 (45 morts). Le démantèlement, au mois de juillet, du réseau Ansar al-Mahdi prouve l’efficacité de la répression. Mais le nombre des inculpés (une soixantaine, au total, parmi lesquels les épouses de deux pilotes de la RAM) et, surtout, la contamination des appareils de sécurité (armée, gendarmerie, police) soulignent l’étendue du péril.
Le chef de l’organisation, Hassan Khattab, alias Abou Oussama (33 ans), est une figure du salafisme. Marié et père de deux enfants, ce commerçant originaire d’Al-Jadida (comme le Premier ministre), fut condamné à deux ans de prison en 2003. Il a été présenté au procureur du roi, fin juillet, avec une première vague de 31 inculpés. Le profil de ceux-ci n’a rien à voir avec celui des pauvres hères de 2003, qui vivaient presque tous dans des bidonvilles. La trentaine, souvent pères de famille, on trouve parmi eux un boucher, un menuisier, un coiffeur, un tailleur, un étudiant, plusieurs maçons Le réseau avait des cellules à Salé, Casablanca, Sidi Slimane, Youssoufia, Sidi Yahiya et Tétouan. Il se proposait de « proclamer le djihad pour renverser le régime et instaurer le califat ». L’annonce solennelle devait en être faite par l’émir Khattab à partir du Rif, par le biais d’une cassette vidéo adressée à Al-Jazira.
Les préparatifs avaient lieu pratiquement au grand jour. Dans tout le royaume, des prêches étaient prononcés dans les « maisons du Coran » en vue de recruter les futurs djihadistes. Mais c’est l’infiltration de l’armée qui fait l’originalité d’Ansar al-Mahdi : le groupe était parvenu à enrôler quatre sous-officiers membres de l’orchestre de la base aérienne de Salé. Pour le financement, Khattab et ses amis comptaient sur des hold-up (banques, transports de fonds), sur l’émission de fausse monnaie, sur des emprunts bancaires (70 000 DH obtenus par un militaire) et, bien sûr, sur les contributions des « fidèles » (110 000 DH). Plusieurs opérations de chantage ont été montées avec le concours de filles de petite vertu. Quant aux armes, les djihadistes envisageaient de s’en procurer auprès de trafiquants de drogue, dans le Nord. D’ores et déjà, ils disposaient de quatre caisses d’explosifs comparables à ceux utilisés en 2003, ainsi que de téléphones mobiles appelés à servir de détonateur.
Depuis le début de l’année, seize réseaux de moindre importance ont déjà été démantelés. C’est en « faisant le point » à la veille de la fête du Trône que les services de police ont mis la main sur les membres d’Ansar. Curieusement, le 5e Bureau de l’armée (sécurité militaire) n’a absolument rien vu venir, alors qu’il a été récemment transformé en « direction » et a été doté de moyens humains et matériels plus importants. Sa défaillance a entraîné le limogeage de son patron, le général Mohamed Belbachir.

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