Rumba chez les anges
Père de la rumba congolo-zaïroise et véritable monument de la chanson africaine, Antoine Kolosoy est mort le 28 juillet à Kinshasa, sa ville, à l’âge de 82 ans. Malgré la reconnaissance internationale et les multiples récompenses qui lui furent décernées, il aura passé les dernières années de sa vie dans le plus complet dénuement. En mars 2006, déjà malade, il regrettait amèrement dans une interview à Radio Okapi d’être abandonné par ses « amis » et les autorités de son pays. Un bien triste épilogue pour celui qu’on surnommait « Papa Wendo » ou, plus communément, « Le Wendo », en signe de respect.
Né d’une mère chanteuse, Kolosoy débute sa carrière en 1936, dans l’ex-Léopoldville, sous le nom de scène de « Windsor ». Très vite, il entreprend de revisiter et d’africaniser la rumba, style musical de lointaine origine cubaine. En 1948, il accède à la notoriété avec sa chanson « Marie-Louise », véritable tube avant l’heure enregistré en 78 tours avec la participation du guitariste Henri Bowane. C’est une subtile synthèse entre les rythmes de l’Afrique centrale et les harmonies ouest-africaines, avec utilisation d’instruments jusqu’ici peu prisés comme l’harmonica, l’accordéon ou la guitare. Dans la foulée, la rumba devient une danse langoureuse et chaloupée dont le succès s’étend rapidement à toute l’Afrique.
Accusé de satanisme par les colons et les missionnaires belges, Kolosoy est contraint de s’exiler plusieurs années durant à Stanleyville, l’actuelle Kisangani, dans l’est du pays. Sous le régime mobutiste, il paie son soutien à Patrice Lumumba. Devenu boxeur professionnel, puis réparateur de bateaux, il ne cesse pourtant pas de chanter et de se produire sur scène.
Au début des années 1990, il fait son grand retour en studio avec plusieurs opus produits par le label Maradi Productions, sous la direction artistique de Jacques Sarasin. Ce dernier consacrera par la suite au vieux chanteur un long-métrage sorti sur les écrans au mois de mai dernier. La rumba traditionnelle est aujourd’hui passée de mode, mais l’aura de Kolosoy demeure. Tous les grands noms de la musique africaine, de Pépé Kallé à Papa Wemba en passant par Sam Mangwana (pour ne citer que les Congolais), reconnaissent volontiers avoir subi son influence.
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