Les secrets d’Ethiopian Airlines
En croissance constante grâce à ses choix commerciaux vers l’est ou l’ouest plutôt que vers l’Europe, la doyenne des compagnies africaines a aussi su tirer parti d’une position privilégiée : l’exclusivité du transport des fonctionnaires internationaux.
Quarante-deux ans après son premier vol, entre Addis-Abeba et Le Caire, Ethiopian Airlines affiche les meilleurs résultats de son histoire. Une anomalie, alors que l’Éthiopie lutte contre la famine et que le transport aérien mondial est plombé par le renchérissement du kérosène ? Pas vraiment. Plutôt le résultat de choix stratégiques qui ne datent pas d’hier et qui ont fait de la compagnie aérienne éthiopienne l’une des plus puissantes et des plus solides du continent africain, seule capable, avec Kenya Airways, de rivaliser avec les compagnies d’Afrique du Nord et la puissante South African Airways.
Si les résultats d’Ethiopian Airlines pour l’exercice 2007-2008 (clos en juin) ne seront connus qu’en septembre, ceux des trois premiers trimestres (à fin mars) augurent une nouvelle forte progression. Alors que la hausse du prix du kérosène a fait subir à ses charges d’exploitation une hausse de 21 %, la compagnie annonce un résultat d’exploitation en hausse de 29 % et un bénéfice net de 484 millions de birrs (32 millions d’euros), à comparer avec 133 millions de birrs sur l’ensemble de l’année fiscale précédente. Avec l’ouverture de nouvelles destinations à l’international, l’augmentation de certaines fréquences et des capacités de transport supplémentaires, le trafic ne cesse de croître : + 19 % en un an à fin mars (1,9 million de passagers transportés), après + 13 % en 2006-2007 et + 23 % sur l’exercice précédent.
30 destinations en Afrique
Après Abou Dhabi l’an dernier, Ethiopian Airlines a ouvert au mois de juin deux nouvelles liaisons vers le golfe Persique : Koweït City et Riyad, à l’heure où les investisseurs du Golfe accentuent leur présence sur le continent africain. Outre le Golfe, l’aéroport de Bole-Addis-Abeba, inauguré il y a trois ans, est également exploité vers l’Asie (Bangkok, Mumbay, Hong Kong, Guangzhou et Pékin), ce qui évite aux ressortissants africains de faire le détour par un aéroport européen. En Europe, Ethiopian Airlines a fait de Bruxelles sa destination privilégiée, reliée quotidiennement par l’un de ses neuf Boeing 767-300 long-courriers, et vient de signer en juin un accord commercial de partage de code avec Brussels Airlines.
Autant de destinations qui continuent de faire fructifier le concept de « hub » (l’aéroport vers lequel convergent des vols provenant de différentes capitales et à partir duquel les passagers empruntent ensuite d’autres liaisons), que la compagnie applique depuis de nombreuses années. Avec d’autant plus de succès qu’elle a toujours misé sur les vols est-ouest plutôt que nord-sud, comme les liaisons entre Paris ou Bruxelles et l’Afrique où s’affrontaient à l’origine de puissantes compagnies comme UTA, Air France, Sabena ou encore Air Afrique. Ethiopian Airlines a été aidée dans cette politique par le rôle particulier d’Addis-Abeba en tant que siège de plusieurs institutions, dont l’OUA (aujourd’hui l’Union africaine), et par un accord qui lui donnait le monopole du transport du personnel de l’organisation panafricaine. Aujourd’hui, elle dessert trente destinations africaines et un total de cinquante dans le monde.
Pour des raisons historiques liées au soutien des Américains lors de sa création, notamment l’avionneur Boeing et le transporteur TWA, la flotte de 30 appareils comprend 26 Boeing, et la compagnie ne semble pas prête à en changer pour le concurrent Airbus. Elle vient d’ailleurs de passer commande de 10 exemplaires du futur 787 Dreamliner, un long-courrier pouvant transporter jusqu’à 330 passagers, et 2 Boeing MD-11 cargo afin d’augmenter l’activité fret (environ 15 % du chiffre d’affaires). La compagnie mise beaucoup sur l’essor de cette activité, notamment sur l’augmentation des exportations de fleurs vers l’Europe et une nouvelle liaison cargo vers Hong Kong.
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