Le coton et la banane : les deux victimes africaines

Publié le 4 août 2008 Lecture : 2 minutes.

La filière cotonnière africaine n’avait pas besoin de cela ! Malmenée par les subventions américaines, affectée par l’euro fort et menacée par une restructuration qui se fait attendre, la zone franc – qui représentait 13 % des exportations mondiales sur la période 2000-2005 – a vu sa production de fibre divisée par deux en l’espace de quatre années. Pour la campagne 2007-2008, sur un total mondial de 25,9 millions de tonnes, l’Afrique n’en a produit que 587 000 tonnes (- 45 % en un an), selon Géocoton, l’ancienne Dagris privatisée en janvier dernier. Il y a urgence à redresser cette situation alors que les prix sont de nouveau orientés à la hausse en raison notamment de la demande chinoise en textile. « Les pays riches doivent soutenir la filière africaine pendant deux à trois ans pour amorcer la pompe. Cela permettra également de relancer les productions vivrières car le coton sert de locomotive dans les campagnes », explique Abbas Jaber, PDG d’Advens, actionnaire majoritaire de Géocoton. Le coton fait vivre au moins 16 millions de Subsahariens. Tandis que l’or blanc générait plus de 800 millions d’euros de revenu brut dans la région il y a encore trois ans, nous sommes aujourd’hui à 350 millions d’euros.

75 % de bananes latino-américaines
« Rien n’est réglé. Il va falloir continuer à faire du lobbying auprès de Bruxelles pour préserver l’avenir de nos filières », explique pour sa part Pierre Arnaud, vice-président de la compagnie fruitière spécialisée dans la banane et l’ananas en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Ghana. Pourtant, à Genève, l’Union européenne et l’Amérique latine s’étaient mises d’accord pour mettre fin à la « guerre de la banane » qui les oppose depuis vingt-cinq ans devant l’OMC. Cet accord prévoyait de ramener d’ici à 2016 le droit de douane européen sur la banane dite « dollar » (produites en Amérique latine) à 114 euros par tonne, contre 176 actuellement. Au grand dam des producteurs des pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), qui en ont écoulé 840 000 tonnes en 2007 sur le marché UE et qui voient leur avantage comparatif (franchise de droit) s’éroder. « À moins de 150 euros de taxe par tonne, nous craignons des opérations de dumping de la part des Latino-Américains et une baisse des prix », ajoute Arnaud. Outre la République dominicaine (200 000 tonnes), la Côte d’Ivoire (220 000 t), le Cameroun (250 000 t), et plus récemment le Ghana (50 000 t) sont les principaux exportateurs vers le Vieux Continent. Mais, à eux seuls, ils ne pèsent pas lourd face à la banane latino, qui représente 75 % des exportations mondiales dans un marché totalement contrôlé par les géants Dole, Chiquita et Del Monte. Plus inquiétant, depuis l’instauration du libre-échange, le prix de la banane est à la baisse. L’Union européenne pourrait être tentée à présent de baisser ses droits de douane sur la banane dollar au 1er janvier 2009 sous peine de se voir de nouveau attaquée devant l’OMC. Les ACP plaident, de leur côté, pour le maintien de leur régime préférentiel et l’attribution d’aides pour améliorer leur compétitivité face à l’Amérique latine.

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