La paix a un prix

La note de la prochaine présidentielle sera salée. Encore faut-il se rappeler qu’un peu partout en Afrique le coût des élections a singulièrement augmenté ces dernières années.

Publié le 4 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Plus de 100 milliards de F CFA (environ 152 millions d’euros). C’est le budget de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire, prévue le 30 novembre. Il couvre deux volets principaux : l’opération d’identification confiée à la société française Sagem Sécurité et l’organisation du scrutin, qui relève de la compétence de la Commission électorale indépendante (CEI).
L’opération d’identification doit permettre la délivrance de la carte nationale d’identité, d’un jugement supplétif aux personnes qui n’ont jamais déclaré leur naissance conformément à la loi et d’une carte de résident pour les étrangers. Elle doit aussi et surtout aboutir à la confection de la liste électorale, dont la clôture est prévue le 30 août. Estimée à 66,7 milliards de F CFA (66 millions d’euros), l’identification est entièrement à la charge de l’État ivoirien. Mais la convention que les autorités ivoiriennes ont passée avec l’entreprise française est accompagnée d’un moratoire étalé sur deux ans. L’État ivoirien s’est engagé dans la loi de finances 2008 à verser cette année 40 milliards de F CFA (dont un acompte de 22 milliards a déjà été acquitté à la signature de la convention). Sagem Sécurité recevra les 26,7 milliards de F CFA restants en 2009.
« Mais la note risque de s’alourdir encore », confie une source proche de la CEI. D’autres conventions (portant sur l’aménagement des sites qu’occupera la multinationale française, le transport du matériel, etc.) ont en effet été annexées à celle initialement passée entre Sagem Sécurité et l’État ivoirien.
Pour ce qui est du budget de la CEI, arrêté à 36,2 milliards de F CFA, il est solidairement pris en charge par l’État ivoirien et ses partenaires extérieurs.
Ces montants sont jugés excessifs par certains observateurs. Encore faut-il se rappeler que le coût des élections a singulièrement augmenté en Afrique au cours des dernières années. On l’a vu au Mali, où les élections de 2007 ont coûté 15 milliards de F CFA, au Bénin (32 milliards de F CFA en 1996) ou encore au Sénégal (26 milliards de F CFA en 2007).
Mais l’inflation est surtout importante dans les pays qui sortent d’une guerre. C’est le cas de la Côte d’Ivoire. Mais aussi de la République démocratique du Congo. En 1996, l’ONU, qui avait pris entièrement en charge l’organisation du scrutin, a déboursé 430 millions de dollars (environ 274 millions d’euros). Tissu économique déstructuré, routes coupées (par endroits, le matériel électoral a dû être acheminé par avion), électricité défaillanteÂÂ Il y avait beaucoup à faire ou à refaire. Sans compter que la RD Congo, qui, avec 2 344 860 km2, est le troisième pays le plus vaste d’Afrique derrière le Soudan et l’Algérie, en était à sa première expérience électorale.
La paix et la démocratie ont un coût. On se souvient de la fameuse phrase du Néo-Zélandais Ross Mountain, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU en RD Congo, pour justifier le budget des élections congolaises : « Si vous croyez que la paix coûte cher, essayez la guerre. »

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