Hommages

Publié le 4 août 2008 Lecture : 3 minutes.

Gaston Kaboré, cinéaste burkinabè
Un esprit visionnaire
– Après la mort de Sembène Ousmane, en 2007, c’est un autre monument qui part. Je regrette que l’Afrique, notamment au sud du Sahara, n’ait su profiter de son talent et de son esprit visionnaire. À travers des choix stylistiques très différents, son message est resté le même : lutter contre tous les extrémismes, contre la censure, et préserver son indépendance d’esprit en toutes circonstances. Sans renier l’héritage de ses propres racines égyptiennes, son cinéma parlait au reste du monde. Nous avons perdu un maître, mais nous devons faire en sorte, particulièrement sur le continent africain, que son héritage et les films qu’il nous lègue soient mieux connus.

Abdellatif Ben Ammar, réalisateur tunisien
Il a stimulé le cinéma du Sud
– Chahine, c’était d’abord un ami. Mais c’était aussi l’artiste qui vous forçait à réfléchir sur votre pays, sur la condition humaine. Chaque fois que j’ai regardé ses films, surtout les plus anciens (Bab al-Hadid – Gare centrale -, Saladin, La Terre), et au-delà de la qualité thématique de ces ÂÂuvres, cela a stimulé mes rêves de cinéaste du Sud. En fait, c’était un cinéaste qui savait encourager les autres artistes. Je retiens l’une de ses maximes – il me l’avait dite il y a trois ans alors que je lui parlais des difficultés rencontrées pour la réalisation de mon prochain film : « Plonge et ne te préoccupe surtout pas de la profondeur des eaux ! »

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Souleymane Cissé, cinéaste malien
« Ce sont eux les sous-développés ! »
– Je connaissais Youssef Chahine depuis plus de vingt ans. C’était mon aîné, mon grand frère. Un homme ouvert qui croyait au brassage des cultures. Un combattant pour lequel toutes les cultures se valent. La force de sa propre culture égyptienne et plurimillénaire l’avait amené à dire : « Ceux qui nous traitent de sous-développés, ce sont eux les sous-développés ! »
Son cinéma a eu beaucoup d’échos en Afrique de l’Ouest, car nous menons le même combat. Qui peut être indifférent à un film comme Le Destin ? Ce qui me touchait le plus chez lui c’était sa façon de dire la vérité, de la montrer à ceux qui ne veulent pas la voir. Le monde perd un grand homme et un grand réalisateur. Mes condoléances à sa famille et à tous les cinéphiles du monde entier.

Mohammed Lakhdar Hamina, réalisateur algérien
Une étoile dans les ténèbres
– Jo fut une étoile dans les ténèbres du cinéma arabe, auquel il donna une notoriété, une vie. Sa passion, sa vraie foi étaient le cinéma, et c’est pour cela que l’Algérie l’a beaucoup aidé. En 2004, il déclarait dans El Watan : « Je ressens un immense bonheur très spécial d’être ici en Algérie. J’y ai des amis, et j’y viens si souvent qu’il était inévitable d’en être tombé amoureux. Seulement, quand on aime, on ne compte pas, c’est difficile de chercher à savoir pourquoi. »
Chahine laisse une ÂÂuvre importante qui impose un auteur au même titre que les autres grands cinéastes internationaux, et pas seulement dans le monde arabe. C’est le premier qui entra par effraction dans le cinéma international tout en restant arabe. Pour moi, Jo n’est pas mort, il a simplement changé de statut. Il sera toujours présent dans nos esprits et dans nos cÂÂurs, lui qui nous a ouvert tout grand le chemin de la liberté d’expression. Salut Jo et à bientôt.

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