El Himma franchit le Rubicon
« L’ami du roi » est enfin sorti du bois : il vient d’Âannoncer officiellement la transformation de son Mouvement de tous les démocrates (MTD) en parti politique.
Après maintes valses-hésitations, c’est enfin officiel : Fouad Ali El Himma a levé l’ambiguïté originelle pesant sur son Mouvement de tous les démocrates (MTD). Lancé en début d’année, ce rassemblement d’une quarantaine de députés va prochainement devenir un parti politique. « Cela passera par le regroupement de cinq partis qui fusionneront au sein d’une seule formation », indiquait Bachir Znagui, le porte-parole du MTD, au quotidien Le Soir Échos, le 27 juillet, à l’issue d’une rencontre entre les membres du mouvement, à Salé. Sont concernés, dans un premier temps, Al Ahd, le Parti national démocrate (PND), l’Alliance des libertés (ADL), le Parti de l’environnement et du développement (PED) et les Initiatives citoyennes pour le développement (ICD) qui devraient annoncer leur dissolution d’ici à la fin août. S’ensuivra un congrès constitutif du nouveau parti avant la fin de l’année.
En attendant, le « débauchage » de politiciens appartenant à divers groupes va bon train. Objectif : avoir la formation politique la plus forte numériquement lors de la prochaine rentrée parlementaire. Certains ministres du Rassemblement national des indépendants (RNI) devront, quant à eux, faire des choix « cornéliens », tel Salaheddine Mezouar, le ministre de l’Économie et des Finances. « Personnellement, je reste un membre actif du RNI, dont je suis l’un des dirigeants. C’est d’ailleurs avec l’accord de la direction que j’ai pu participer au MTD », nous déclarait-il en début d’année.
En lançant officiellement son parti, « l’ami du roi » espère certainement faire taire les attaques de la presse, qui n’en finissait plus de décrire les ambitions cachées du MTD, sa mutation en parti politique passant pour un secret de polichinelle. Surtout, il envoie un signe fort aux personnalités qui voudraient le rejoindre, en leur promettant d’importants moyens et en leur garantissant le succès. Pour El Himma, c’est aussi, et enfin, une réponse directe apportée aux attaques du nouveau secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, qui avait déclaré, sitôt sa nomination acquise : « Sait-on ce qu’il [El Himma, NDLR] veut faire ? Il n’arrête pas de gesticuler ! »
Sur fond de tractations entre les différentes sensibilités politiques du royaume, la période qui s’ouvre au Maroc s’annonce donc passionnante : alors que le PJD se met à draguer les socialistes, le Parti du progrès et du socialisme (PPS) rêve d’une grande Union de la gauche, quand l’Istiqlal souhaite resserrer la Koutla (l’alliance avec le PPS et l’USFP). Tous ont d’ores et déjà un seul objectif en tête : les municipales de 2009, comme le confesse un socialiste : « Nous irons au scrutin sous nos propres bannières. Mais pour la constitution des bureaux municipaux, toutes les alliances sont possibles. »
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