Djibrill Bassolé

Nouveau médiateur en chef de l’Union africaine et de l’ONU au Darfour, l’ancien patron de la diplomatie burkinabè est, pour beaucoup, l’homme de la situation.

Publié le 4 août 2008 Lecture : 3 minutes.

« Jeune, lorsqu’on me demandait ce que je voulais faire dans la vie, je répondais invariablement gendarme ou diplomate. » Nommé le 30 juin médiateur en chef de l’Union africaine et des Nations unies au Darfour, le Burkinabè Djibrill Bassolé a concrétisé son rêve à 50 ans, établissant cette improbable passerelle entre une carrière militaire et la diplomatie internationale.
Pour beaucoup, il est l’homme de la situation. Né en novembre 1957 à Nouna, dans le nord-ouest du Burkina, Bassolé s’est toujours vu en serviteur de l’État. « Cela consiste à remplir rigoureusement les missions que l’on vous confie et se tenir prêt pour les suivantes. » L’ancien élève du prytanée militaire de Kadiogo et de l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc, où il séjournera de 1979 à 1982, n’en a pas manqué. En 1983, de retour au Burkina après une année passée à l’École nationale de gendarmerie d’Abidjan, le jeune officier est coopté par les révolutionnaires, dont il apprécie les idéaux de justice. Repéré pour sa droiture et sa connaissance des rouages de l’armée, il devient tour à tour commandant des deux plus grandes compagnies du pays : celle de Bobo-Dioulasso d’août 1983 à septembre 1984, puis de Ouagadougou de septembre 1984 à août 1987. À 30 ans à peine, il est au cÂÂur du dispositif sécuritaire du Burkina sous les ordres d’un certain Blaise Compaoré.

En décembre de la même année, il est promu commandant du 5e groupement de gendarmerie de Ouaga, un poste qu’il occupera jusqu’en 1995. Mais le nouveau chef de l’État voit surtout en lui un fin négociateur. C’est tout naturellement qu’il lui demande de s’impliquer dans la médiation burkinabè au Togo. Seul à la manÂÂuvre durant plusieurs semaines, Bassolé jouera un rôle déterminant dans la signature de l’accord de Ouagadougou, en juillet 1993.
Les médiations s’enchaînent à mesure que le président Compaoré offre ses bons offices dans la résolution de crises sous-régionales. À peine celle du Togo réglée sur le papier, Bassolé est désigné en 1994 comme représentant du Burkina dans le comité de médiation du conflit touareg au Niger. L’accord de Ouagadougou d’avril 1995 entre la rébellion et le gouvernement est un nouveau succès, fort duquel le chef de l’État le récompense en le nommant conseiller personnel.
Désormais homme de confiance, l’officier met sa loyauté à l’ÂÂuvre lorsque, début 1999, le pays s’embrase après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Promu entre-temps chef d’état-major de la gendarmerie nationale, il est appelé d’urgence au poste de ministre délégué chargé de la Sécurité sous la tutelle du ministre de la Défense, Yéro Boly, avant de prendre la responsabilité d’un ministère à part entière qu’il dirigera jusqu’en juin 2007. Le « monsieur Sécuritaire » du Faso continue toutefois d’être sur le théâtre de médiations. De nouveau au Togo en 2005 et surtout en Côte d’Ivoire où, avec son homologue ivoirien Désiré Tagro, il ne ménage aucun effort pour aboutir à l’accord de Ouagadougou de mars 2007.
Si toutes ces années se résument à « des missions spéciales », celle que l’UA et l’ONU viennent de lui confier s’annonce de loin la plus complexe. Alors que sa feuille de route l’invite à relancer les pourparlers enlisés depuis des mois entre le gouvernement soudanais et les factions rebelles du Darfour, Bassolé peut déjà compter sur sa présence permanente sur le terrain à El-Fasher, chef-lieu du Darfour-Nord et quartier général de la force mixte ONU-UA (Muniad). Deux autres diplomates de haut vol, le Suédois Jan Eliasson et le Tanzanien Salim Ahmed Salim, l’appuieront dans sa nouvelle tâche.

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