Mali : l’ambassadeur de France déclaré persona non grata

Après des semaines d’escalade verbale, Bamako a exigé le départ sous 72 heures de l’ambassadeur de France, Joël Meyer. Les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées depuis que le pouvoir d’Assimi Goïta a annoncé vouloir repousser les élections, initialement prévues en février 2022.

À Bamako, le 14 janvier 2022. © Florent Vergnes/AFP

Publié le 31 janvier 2022 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement malien « invite » l’ambassadeur de France à Bamako à quitter le pays « dans un délai de 72 heures », selon un décret lu durant le journal de 13 heures de l’ORTM, la télévision nationale, ce lundi 31 janvier. Cette décision « fait suite aux propos hostiles et outrageux du ministre français des Affaires étrangères », Jean-Yves Le Drian, et à la « récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes ». Joël Meyer était convoqué ce lundi au ministère malien des Affaires étrangères. Selon des sources diplomatiques françaises, il sera remplacé par Laurent Favier, le premier conseiller à l’ambassade de France.

Ce coup dur pour les relations entre la France et le Mali intervient après une interview de Jean-Yves Le Drian publiée dans le Journal du dimanche, le 30 janvier. Le ministre français  y affirme que des mercenaires du groupe de sécurité privée russe Wagner sont d’ores et déjà déployés sur le terrain au Mali. Il évoque « des anciens militaires russes, armés par la Russie et accompagnés par une logistique russe ». « Ils se servent déjà en ce moment des ressources du pays en échange de la protection de la junte. Ils spolient le Mali », ajoute-t-il, alors que les autorités de Bamako démentent fermement leur présence.

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« Provocations »

La veille, c’est Florence Parly, la ministre française des Armées, qui avait mis en garde ses partenaires. « Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique, sont rendues de plus en plus difficiles. Bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix », avait-t-elle déclaré. Quelques jours plus tôt, elle avait été invitée à « se taire » par le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, qui lui avait intimé de« faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence ». Bamako et Paris s’accusent mutuellement de « provocations ».

Depuis plusieurs mois, les relations entre le Mali et la France, qui est engagée militairement au Sahel, se sont fortement dégradées. Cette détérioration s’est encore accélérée depuis que les militaires arrivés au pouvoir à la faveur d’un putsch, en août 2020, sont revenus sur leur promesse d’organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du Mali. Les autorités de Bamako ont fait savoir qu’elles jugeaient que plusieurs années supplémentaires étaient nécessaires.

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