Bras de fer en RD Congo

Deux ans après la signature du contrat, le contentieux entre Kinshasa et la compagnie britannique Tullow Oil apparaît sans issue. Le gisement prometteur du lac Albert demeure inexploité.

Publié le 4 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Qui dit vrai ? La compagnie pétrolière britannique Tullow Oil, qui revendique deux blocs pétroliers situés sur le lac Albert ? le ministre congolais des Hydrocarbures, Lambert Mende, qui assure que le contrat de partage de production n’a jamais été approuvé par Kinshasa ? ou bien encore les deux députés de l’opposition Jean Bamanisa et Jean Lucien Busa, qui ont déposé des motions d’interpellation et de défiance contre Mende, rejetées par l’Assemblée nationale le 12 juillet ? En tout cas, une chose est sûre, deux ans après l’annonce officielle du lancement de la phase d’exploration, les opérations n’ont toujours pas débuté. Tullow Oil ne cache plus son impatience, voire son agacement.
En fait, tout commence en 2004 lorsque les deux sociétés Heritage Oil et Oil Congo montrent leur intérêt pour ce gisement situé en Ituri, à la frontière avec l’Ouganda. Mais le conflit entre Hemas et Lendus fait rage, Kinshasa suspend les négociations, et Oil Congo se retire au profit de Tullow Oil. « C’est la première irrégularité », selon Mende. Ce nouveau consortium poursuit néanmoins ses démarches et signe un contrat en juillet 2006 portant sur les blocs 1 et 2 du lac Albert. « Contre la volonté du ministre de tutelle. D’ailleurs, le président Joseph Kabila n’a toujours pas signé l’ordonnance d’approbation », martèle Mende, qui hérite de ce dossier en février lorsqu’il entre au gouvernement.
Le contrat de partage de production est remis en cause le 17 octobre 2007 par un arrêté interministériel qui dénonce notamment le non-respect de la procédure d’appel d’offres international et le paiement du bonus de signature pour un seul bloc au lieu de deux. Mende propose à Tullow Oil de renégocier un contrat, mais pour le seul bloc 2, tandis que le premier est attribué aux Sud-Africains de ­PetroSA, en décembre 2007, qui obtient un troisième bloc via le consortium de la South Africa Congo Oil Company (SacOil) en janvier 2008. « Tullow Oil détient également trois blocs du côté ougandais, ils auraient été en situation de monopole sur toute la zone », explique le ministre, qui dément avoir un quelconque lien avec la compagnie sud-africaine. Cette dernière affirme pour sa part avoir acquis ces blocs « conformément à la procédure » et ajoute avoir versé 4,5 millions de dollars en bonus de signature. Si aucune estimation n’est disponible, le potentiel de production du lac Albert est « des plus intéressants », estime la SacOil. Avec un baril à 130 dollars, chacun a intérêt à trouver un compromis. À commencer par la RD Congo, qui ne produit actuellement que 25 000 barils par jour sur la côte ouest, avec les Français de Perenco.

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