Blaise Ahouantchédé
Le directeur général du Groupement interbancaire monétique de l’UEMOA (GIM-UEMOA) vise l’intégration économique par la mise en place d’une zone de paiement unifiée. Première étape : le lancement d’une carte valable dans toutes les banques, quel que soit l
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui fait la spécificité de la nouvelle carte bancaire GIM-UEMOA ?
Blaise Ahouantchédé : En fait, avec cette carte bancaire, nous avons créé une zone de paiement unique. Un porteur béninois de la carte GIM-?UEMOA peut par exemple retirer de l’argent ou assurer un paiement au Niger sans payer un surplus de commission. À ce jour, dix-huit banques* assurent cette interbancarité monétique. Toutes les capitales de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) sont couvertes, sauf en Guinée-Bissau. Nous avons un objectif de quarante banques en 2008 et de quatre-vingts en 2009. Ces établissements sont connectés à notre centre de traitement de Dakar pour assurer les opérations.
Quelle est la différence avec la concurrence ?
Le premier avantage est le montant des commissions. Pour le porteur qui est dans la zone UEMOA, le coût est divisé par dix par rapport à la concurrence. Au Sénégal, un client de la Société générale de banques au Sénégal (SGBS) qui va retirer de l’argent à la CBAO va payer entre 3 000 et 3 500 F CFA de commission. Avec la carte GIM-UEMOA, c’est 250 F CFA !
Quelle clientèle visez-vous, car la plupart des titulaires de compte ont déjà une carte bancaire ?
Notre cible est la population qui n’a pas de carte, et notamment les commerçants qui voyagent dans la région. Pour des raisons de sécurité et afin d’éviter de circuler avec de grosses sommes en liquide, ils ont intérêt à passer à la monétique. Pour cela, il faut développer le réseau en multipliant les points de retrait et les terminaux de paiement. La zone UEMOA compte 84 millions d’habitants, et le taux de bancarisation est de 5 % à 6 %. C’est ce marché qui nous intéresse, mais, pour séduire cette clientèle, il faut proposer des services peu onéreux.
Combien coûte cette carte ?
Cela dépend des banques, mais le prix oscille entre 2 000 F CFA et 5 000 F CFA. Mais, en tant que régulateur, nous recommandons que les tarifs ne soient pas dissuasifs.
Et au niveau du GIM-UEMOA, comment vous rémunérez-vous ?
Tout d’abord, le GIM-UEMOA vit des cotisations des 83 membres. Ensuite, concernant la carte, nous routons la transaction d’un bout à l’autre depuis le centre de traitement basé à Dakar. Nous offrons donc un service, et nous le facturons aux banques autour de 75 F CFA par transaction. L’objectif est que ces coûts soient revus à la baisse avec l’augmentation des volumes traités. Quant aux banques, elles se rémunèrent sur la commission. J’en connais certaines qui font 40 % de leur produit net bancaire sur la monétique. C’est le cas de la CBAO, par exemple. Et il y en a d’autres. Les banques ont admis que la monétique était un levier à leur développement.
Oui, mais ces banques, justement, ont déjà développé leurs propres produits monétiques ou s’appuient sur la force de frappe de Visa ou MasterCard ; quelle est la valeur ajoutée de la carte GIM-UEMOA ?
Nous permettons aux banques de viser une nouvelle clientèle et de conquérir de nouveaux marchés. Une banque seule offre des services limités, alors que nous gérons un réseau régional. Les banques rechignent également à échanger des informations sur leur clientèle, nous assurons un rôle d’interface. Enfin, nous mutualisons les investissements nécessaires au développement de la monétique.
Et le goulet d’étranglement lié à Internet?
Notre centre de traitement a installé dans les huit pays des antennes satellites pour Internet à haut débit. Internet permet de transférer des informations sécurisées à moindre coût. Les banques ont mis en réseau leurs agences. Et le prix du matériel a baissé, c’est le cas des terminaux de paiement. Les télécoms ne sont plus un frein.
* La liste des banques est disponible sur le site web : www.gim-uemoa.org
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