Wolfowitz fusille Al-Jazira

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Le torchon brûle entre le gouvernement américain et les responsables d’Al-Jazira, la chaîne qatarie d’information en arabe. Dans un entretien accordé le 27 juillet à la chaîne américaine Fox News, le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz, l’un des faucons aux griffes les plus acérées du clan Bush, a accusé Al-Jazira (et également Al-Arabiya, l’autre chaîne satellite arabe) de diffuser « des reportages erronés et biaisés qui avaient pour effet d’inciter à la violence contre nos troupes ». Considérant que les chaînes sont les porte-parole des États qui les financent, il a ajouté que « les gouvernements devraient arrêter et réaliser que tout cela n’est pas un jeu et qu’ils mettent en danger les troupes américaines ».

Le lendemain, dans une lettre adressée à Wolfowitz, les dirigeants d’Al-Jazira ont dénoncé les allégations de celui-ci et profité de l’occasion pour enfoncer le clou : non seulement leurs reportages sont objectifs, mais les troupes américaines les empêchent de travailler. Selon eux, le jour même de l’interview de Wolfowitz, un journaliste et un chauffeur de la chaîne étaient arrêtés dans la région de Mossoul, en Irak, alors qu’ils étaient en train de filmer une offensive contre les soldats de l’oncle Sam.
Pour étayer ses dires, le secrétaire adjoint à la Défense a expliqué qu’Al-Jazira avait diffusé un reportage mensonger relatant l’arrestation d’un imam chiite très influent de la ville de Nadjaf, Moqtad el-Sadr. La chaîne, de son côté, affirme que les dirigeants américains, ne parlant pas l’arabe, ont mal compris ce reportage. Le journaliste ne faisait que signaler que les troupes américaines avaient encerclé la maison de l’imam, lequel avait appelé à la formation d’une armée islamique. Accusés d’être favorables à l’ancien régime de Saddam, les journalistes de la chaîne s’insurgent. Le bureau de Bagdad n’a-t-il pas été fermé deux fois par les autorités du régime baasiste ?

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Manifestement embarrassés par les reportages d’Al-Jazira, particulièrement appréciés dans tout le monde arabe, les États-Unis seraient prêts aujourd’hui à fermer son bureau de Bagdad pour « incitation à la violence », comme l’a indiqué Paul Bremer, le proconsul américain en Irak. Une telle mesure contribuerait assurément à radicaliser la direction d’une chaîne qui, depuis le 11 septembre 2001, exerce une influence considérable sur les opinions du monde arabe.

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