Vivement Ziga !

Chaque année, la population doit faire face à une grave pénurie. La solution : la mise en service du grand barrage au nord de Ouagadougou.

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

«Depuis 1985, on gère la pénurie. » Directeur à l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea) pour le département de Ouagadougou, Boukari Issiaka explique que le scénario se répète presque chaque année : de mars à juin, pendant la saison la plus sèche, les réserves d’eau s’épuisent très rapidement et la demande explose. Pendant ces mois de sécheresse, les habitants de la capitale ont quotidiennement besoin d’environ 75 000 m3 d’eau pour subvenir à leurs besoins. Cette année, les réserves disponibles ne permettaient de distribuer que 40 000 m3 par jour. Il a donc fallu, comme toujours, organiser un approvisionnement de secours. En attendant une solution durable.
Celle-ci devrait venir du barrage de Ziga, situé à 50 kilomètres au nord-est de Ouagadougou, et dont la capacité de stockage atteint 200 millions de m3. Mais il ne sera pas utilisable avant 2005, voire 2006. Si l’ouvrage et son réservoir sont construits depuis plus de deux ans, les travaux de raccordement, évalués à 132 milliards de F CFA (201 millions d’euros), se font attendre. Du coup, pression démographique oblige, la capacité de Ziga qui, à l’époque de sa conception, en 1998, devait permettre d’éviter toute pénurie, pourrait se révéler rapidement insuffisante. Pour l’heure, seuls quatre barrages situés à la périphérie de Ouaga sont utilisables. À eux seuls, ils doivent fournir 90 % des besoins de la capitale. Les eaux souterraines, récupérées grâce à une centaine de forages, couvrent 10 % de la consommation. Mais ces forages, au débit souvent peu satisfaisant, ne servent que d’appoint. Les quatre barrages, eux, s’envasent, à cause des ruissellements d’eau de pluie qui lessivent un sol fragile et déboisé, et ramènent jusqu’aux retenues la couche supérieure de terre fertile.
Résultat : les barrages alimentant la capitale se vident plus vite pendant les périodes sèches. Et après trois mois de pénurie, vers la fin juin, période des premières pluies, ils débordent… Les précipitations ont été particulièrement abondantes et précoces cette année : 256,8 mm d’eau entre le début du mois d’avril et la fin juin, soit 150 % d’augmentation par rapport à 2002. Premières victimes : les habitants vivant aux abords des barrages. Depuis cinq ans, plus d’un millier de personnes sont sinistrées tous les ans par ces inondations. La solution serait d’organiser le curage des sites. Un projet d’envergure particulièrement onéreux que l’Onea ne peut prendre seul en charge. Une étude réalisée en 1997 estimait que 10 milliards de F CFA seraient nécessaires pour curer le barrage n° 1. Une somme amplement suffisante pour financer la construction d’une nouvelle retenue… Autre option, surélever les digues pour augmenter la capacité du réservoir. C’est ce qui sera fait à Lubmila, pour en porter la capacité de 36 millions à 42 millions de m3. Mais ces projets paraissent bien dérisoires comparés au besoin.
Boukari Issiaka déplore d’autant plus cette situation qu’elle « était prévue, et que les mesures d’adaptation n’ont pas été prises à temps ». Pour lui, l’objectif reste la mise en fonction du barrage de Ziga. D’ici là, vingt nouveaux forages de puits sont prévus. Les premiers devraient être opérationnels dès 2004. Un peu sceptique, Issiaka estime que « si tout fonctionne normalement, alors on pourra tenir jusqu’en 2006 ».

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