Sans identité fixe

L’écrivain Henri Lopès publie un recueil de « simples discours ». Entre essai et biographie, des textes ouverts sur le monde.

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Incontournable Henri Lopès. On connaît l’homme politique, chargé des plus hautes fonctions ministérielles dans son pays, le Congo, entre 1969 et 1980 – il fut Premier ministre de 1973 à 1975 -, le fonctionnaire international, une des chevilles ouvrières de l’Unesco pendant une quinzaine d’années et le diplomate, ambassadeur en France depuis 1998.
On connaît aussi l’écrivain, auteur d’un recueil de nouvelles, Tribaliques (éd. Clé), Grand Prix littéraire de l’Afrique noire, et de sept romans, dont le dernier, Dossier classé, est paru à la fin de 2001 au Seuil.
Henri Lopès, c’est aussi une des figures du mouvement de défense de la langue française. Membre du Haut Conseil de la Francophonie, il visa un temps le poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui échut en fin de compte, à Beyrouth, en 2002, à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf.
Pour être complet dans la description de cette figure de la vie culturelle franco-africaine, il est important de rappeler ses origine métisses. Elles sont d’ailleurs l’une des lignes de force du recueil qui vient de paraître dans la collection « Continents noirs » de Gallimard. « Je ne suis pas un Congolais typique. Ni mon nom ni ma couleur n’indiquent mon identité. […] Je suis fier d’être un SIF, un sans-identité fixe », prévient l’auteur dès les premières lignes de l’ouvrage.
D’un chapitre à un autre, Henri Lopès évoque des souvenirs d’enfance, relate son expérience de haut fonctionnaire dans le Congo nouvellement indépendant, parle de sa grand-mère bantoue et de ses goûts artistiques. Les pages consacrées à la négritude sont particulièrement intéressantes. Pour l’ambassadeur du Congo, le célèbre livre de Stanislas Adotevi, Négritude et négrologues, qui fit beaucoup de bruit à sa parution, en 1972, n’est pas le pamphlet négatif qu’on a voulu présenter. Au contraire, l’essayiste béninois admettait que ce concept était une réponse utile à l’oppression coloniale qui déniait aux Africains l’appartenance même à l’espèce humaine. Mais la négritude ne se limita pas à Césaire et Senghor. Elle accoucha aussi du négrisme de Duvalier et de « l’authenticité » de Mobutu. En attendant le prochain roman de Lopès, on lira avec plaisir ces dix courts textes, qualifiés de « simples discours ». Ils sont à l’image de leur auteur : à la fois ancrés dans la terre africaine et totalement ouverts au monde.

Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois, de Henri Lopès, Gallimard, « Continents noirs », 128 pp., 11,50 euros.

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