Repose en paix, Coccinelle

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Elle avait de grands yeux ronds et un air coquin, des courbes suggestives et une classe à faire pâlir d’envie les grandes élancées aujourd’hui à la mode. Un peu boulotte, peut-être, mais une féminité tendre qui lui valut une myriade de surnoms amoureux. Elle s’appelait Herbie pour Walt Disney, Vocho pour les Mexicains, Käfer (« scarabée ») pour les Allemands, el Huevito (« petit oeuf ») pour les Cubains, Beetle pour le Beatle John Lennon, Coccinelle pour les Français qui lui donnaient du Cox à tire-larigot, mais seulement dans l’intimité. Femme fatale qui fit craquer 21 millions d’amants en soixante-quatre ans d’existence, la Coccinelle de Volkswagen n’est plus.
Seuls quelques chanceux pourront encore se payer les charmes de cette extraordinaire voiture dont les 3 000 ultimes exemplaires sortiront de l’usine mexicaine de Puebla en « bleu aquatique » et « beige lunaire ». Pourtant, tout n’était pas donné d’avance pour notre mignon coléoptère : née à la demande d’Adolf Hitler, la « voiture du peuple » doit sa naissance au crayon de Ferdinand Porsche. Produite en série à partir de 1939, elle fut rapidement réquisitionnée sur les différents fronts de la Seconde Guerre mondiale. Mais elle oubliera cette enfance difficile : la production civile reprend en 1945 et en 1955, la millionième Cox sort des chaînes de montage. C’est le début de la gloire : elle conquiert le monde, de la Belgique à l’Afrique du Sud en passant par le Brésil et la Nouvelle-Zélande, séduit Andy Warhol qui en fait une icône pop-art au même titre que Marylin Monroe et devient une star d’Hollywood avec le film Un amour de Coccinelle. En Autriche, 57 passagers parviennent à grimper sur ses rondeurs. Elle supporte tout avec vaillance, malgré une tenue de route aléatoire, une consommation excessive de carburant et des freins peu efficaces. C’est une concurrente sans grâce et mal fardée qui lui vole finalement la vedette : la Golf. En 1978, notre petit oeuf n’est plus fabriqué en Europe. Qu’importe, le mythe se perpétue en Afrique et, surtout, en Amérique latine. Au Mexique, 80 000 taxis-scarabées sont toujours en circulation.
Relookée, la Coccinelle rebaptisée New Beetle a su séduire, à un prix astronomique, les bobos nostalgiques et les hippies sur le retour. Sans jamais parvenir à détrôner sa grande soeur dans le coeur des milliers de fans qui pleurent sa disparition.
La belle bête à bon Dieu a rejoint le bon Dieu. Ciao ! Coccinelle.

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