Monrovia, ville sans armes ?

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

À Bunia, l’Union européenne, intervenant pour la première fois en tant que telle en Afrique, s’est inspirée de l’expérience française au Rwanda, il y a dix ans. La zone, très excentrée, en périphérie de l’immense République démocratique du Congo, était terriblement sous-administrée, sous-encadrée et livrée, en fait, aux exactions épouvantables de milices haineuses. Le 30 mai 2003, le Conseil de sécurité des Nations unies votait la résolution 1484 créant la « force multinationale d’urgence à Bunia » dirigée par l’Union européenne, avec la participation de plus de dix États européens et africains. La France étant « nation cadre » de l’opération. Une semaine après le vote des Nations unies, les premiers éléments de la force d’urgence se posaient à Bunia et très rapidement ont imposé le concept de « Bunia, ville sans armes ».
Certes, bien que de nombreuses armes aient été récupérées, personne n’imagine qu’il n’y a plus un seul kalachnikov caché à Bunia. Mais, autour de l’aéroport, comme dans les camps, comme dans la ville, on ne voit plus d’hommes armés circuler librement en terrorisant les populations sans défense. Le progrès est immense. Et l’on peut espérer que, comme prévu, la force d’urgence pourra être dissoute le 1er septembre prochain en laissant la place à un dispositif renforcé de la Monuc (Mission d’observation des Nations unies en RD Congo).

Alors, pourquoi ce qui a été si efficace à Bunia ne pourrait pas être recommencé à Monrovia ? D’abord dans un quartier, puis dans toute la ville ? Certes, les conditions sont encore une fois effroyables. Le Liberia est en déshérence depuis de nombreuses années. Le pouvoir n’est même pas dans la rue. Il n’y a pas de pouvoir. Il n’y a pas d’interlocuteurs représentatifs. Est-ce une raison pour ne rien faire ? La responsabilité des Américains est immense. Le Liberia est leur création. Ils ne peuvent pas l’abandonner. Comment admettre qu’avec leurs énormes moyens militaires ils ne puissent s’emparer du port et, progressivement, créer une zone de sécurité dans toute la ville ? Ils n’auraient d’ailleurs pas à rester des mois et des années, car des forces africaines régionales pourraient assez facilement leur succéder. Le régime de Saddam Hussein et de ses fils n’était guère recommandable. Mais l’anarchie qui règne à Monrovia, depuis des années, crée des conditions humaines, des atrocités sans doute encore bien pires. Ne pas intervenir, c’est être coupable du crime de non-assistance à peuple en danger. Même si… ce peuple n’a pas de pétrole !

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