La société civile croit en l’Union africaine

Publié le 5 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Je voudrais marquer mon désaccord avec au moins deux idées contenues dans l’éditorial de Béchir Ben Yahmed (B.B.Y.), paru dans J.A.I. n° 2219 et intitulé « Un long voyage ». B.B.Y. se satisfait, à juste titre, du fait que l’Union africaine (UA) se soit maintenant
dotée d’institutions lui permettant de fonctionner normalement. Il cautionne aussi l’ambition qu’a l’UA « de s’édifier sur le modèle de l’Union européenne (UE) ». Je crois que l’UA commettrait une grave erreur en prenant l’UE pour modèle. L’UA peut s’inspirer de
l’UE, mais doit éviter de la copier. Il est vrai que les deux Unions ont des institutions similaires, mais ce qui est bon pour l’Europe ne l’est pas forcément pour l’Afrique, et vice versa.

B.B.Y. note plus loin que pour réussir dans le cadre de l’UA, « les Africains doivent se
dire qu’il leur faudra plusieurs décennies, voire un siècle, pour construire un édifice solide ». Voici au moins trois raisons pour lesquelles je crois que ce voyage ne sera pas aussi long qu’il paraît. Premièrement, pendant les trois années de transition de
l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) à l’Union africaine, les responsables de l’institution ont manifesté un nouvel esprit pour faire de l’UA une réussite, notamment en écoutant le peuple africain à travers ses élus et les représentants de ses organisations de la société civile.
Deuxièmement, beaucoup de dispositions, tant de l’Acte constitutif de l’UA que des textes
régissant certains de ses organes, émanent de cette écoute de la voix d’en bas. Leur mise en uvre relèvera aussi, dans une large mesure, des organes représentatifs de l’UA tels que le Parlement panafricain et le Conseil économique, social et culturel.
Troisièmement, la société civile africaine a proposé en janvier 2000 une première mouture
du projet de Constitution des États-Unis d’Afrique, objectif politique et économique ultime du processus d’unification de l’Afrique. Une deuxième mouture, résultat de l’amendement de la première, intervenu en mai dernier, sera soumise au débat public dans les prochains mois. Cette même société civile a par ailleurs présenté à l’UA des propositions originales pour la mobilisation d’importantes ressources financières proprement africaines à investir dans les grands chantiers du continent, notamment ceux du Nouveau Partenariat pour le développement (Nepad). Nous n’avons aucune raison de douter de la volonté des tout nouveaux responsables de la Commission de l’UA d’inscrire dans leur stratégie ces propositions.

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Pour me résumer, je crois que l’édification de l’UA, en tant qu’union politique (confédération) et économique (marché unique), ne sera pas un voyage si long, parce qu’il sera celui de l’ensemble du peuple africain et non pas seulement celui de leurs dirigeants.

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