La résistance et l’ambition

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Les Burkinabè sont peut-être intègres, comme le souligne le nom de leur pays, mais en ces temps troublés, ils sont surtout résistants et ambitieux. Résistants parce que la crise ivoirienne, la fermeture des frontières, la baisse du commerce étouffent l’économie
fragile du Faso. Plus de 300 000 Burkinabè sont rentrés au pays, provoquant d’inextricables problèmes logistiques et humains. Aux calamités politiques sont venues s’ajouter les calamités naturelles, la pénurie d’eau puis des inondations, l’incendie du marché central de la capitale Trop, peut-être, pour le moral des quelque dix millions de Burkinabè, habitants ombrageux de cette nation enclavée au cur du Sahel. Trop, peutêtre
aussi, pour les capacités financières et administratives de l’État.
Mais à Ouaga, on ne se lamente pas. Le gros village sahélien fondé par une jolie princesse mossie est devenu une capitale régionale, siège de nombreuses institutions, et en particulier de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ici, nous sommes sur le territoire du Fespaco, du SIAO, du Tour du Faso. Et à la crise, ma foi, on survivra Comme le dit ce ministre, « quand on a pris l’habitude de vivre avec peu, on arrive à se serrer la ceinture pour vivre avec encore moins pendant quelque temps ». Progressivement, donc, le pays s’est organisé, a absorbé le choc. Tout le monde s’y est mis, avec ce côté discipliné, endurant des Burkinabè. Et même si les perspectives de croissance haute se sont envolées, le Faso a renoué avec une certaine normalité.

Voilà pour la résistance. Parlons maintenant d’ambition. Réputés hommes de la terre, paysans de qualité, les Burkinabè se sont découvert, depuis quelques années, une nouvelle spécialité, l’accueil et l’organisation de mégaévénements… Dans ce domaine, ils ne sont plus des débutants. On peut mettre à l’actif du pays un sommet France-Afrique, un sommet de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) et une Coupe d’Afrique des nations (CAN), une réunion mondiale des Parlements (à la veille du 11 septembre 2001…). Mais là, l’affaire est énorme, tant sur le plan politique que logistique. Et planétaire, dans sa dimension géographique, avec des chefs d’État venus des quatre coins du globe. En novembre 2004, malgré la crise, malgré la Côte d’Ivoire, malgré la modestie des moyens, le Burkina accueillera le Xe Sommet de la Francophonie. Cinquante-six délégations – dont certaines, il est vrai, parleront à peine le français… – viendront s’installer quelques jours à Ouaga pour discuter officiellement de la « Francophonie, espace solidaire pour un développement durable ». Et tout le pays s’y est mis, du président au taximan du centre-ville.
D’ici là, il faudra trouver des ressources, espérer la pluie et une bonne récolte, se prémunir contre les dangers régionaux, absorber les rapatriés et préparer, déjà, l’élection présidentielle de 2005 Ainsi va le Burkina, un pays dur, sec, parfois violent, mais toujours courageux. Ainsi va le Burkina, un grand petit pays ouvert sur le monde.

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