Feuille de route : passons à la deuxième phase

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Ariel Sharon n’est vraiment intéressé que par la deuxième phase de la feuille de route – l’État palestinien provisoire – tandis que Mahmoud Abbas se concentre sur la troisième, qui doit lui donner une nation viable, en mettant fin à l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza.
Si Sharon veut en arriver rapidement à la deuxième étape, c’est parce qu’en créant une « entité » palestinienne couvrant à peine la moitié de la Cisjordanie, elle résoudrait son problème démographique majeur – dans sept ans, au train où vont les choses, le gouvernement israélien gouvernera plus de Palestiniens que de Juifs – tout en laissant à Israël une très grande part des territoires qu’il conquit en 1967. Il est beaucoup moins enclin, en revanche, à abandonner le reste des Territoires, comme le réclame la troisième phase de la feuille de route. Sans aucun doute, il préférerait que la controverse sur les colonies continue à bloquer le processus, confinant ainsi perpétuellement des Palestiniens frustrés dans un petit État économiquement exsangue, sans capitale ni prétention à Jérusalem.

Abbas, pour sa part, soucieux de ne pas tomber dans le piège de Sharon, aimerait sauter cette deuxième phase. Si les Palestiniens se voient attribuer un État-croupion, il craint que, d’une révolte générale, leur conflit avec Israël ne se transforme en d’incessants incidents de frontière qui décourageront la communauté internationale d’insister pour le passage à la troisième phase. Ainsi George W. Bush doit-il proposer un nouveau plan d’action qui tienne compte des différents désirs, capacités et craintes des deux dirigeants.

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D’une part, il est vrai que sont essentielles les demandes des deux camps touchant respectivement l’évacuation des colonies juives et le démantèlement des groupes terroristes palestiniens. Mais, en même temps, je ne vois aucune raison de faire de leur réalisation un préalable à l’ouverture de négociations sur l’État palestinien provisoire. Dès lors que les États-Unis constatent des progrès des deux côtés, pourquoi ne pas commencer à parler de la deuxième phase ?
En ce qui concerne les préoccupations contradictoires des deux parties touchant les deuxième et troisième phases de la feuille de route, il revient à Bush de prendre deux engagements relativement simples. Sharon doit être assuré que s’il démantèle les colonies et accepte de conclure le règlement provisoire, l’Amérique n’essaiera pas de dicter à Israël la forme et le statut définitif de l’État palestinien : l’une et l’autre relèveront de négociations directes entre Israël et les Palestiniens.

Abbas, quant à lui, doit être certain que, si Sharon tente de faire traîner les choses dans l’espoir que l’accord provisoire deviendra de facto une solution permanente, Washington acceptera une décision du gouvernement palestinien de démanteler son État le 31 décembre 2005 ou quelque temps plus tard. Il s’agit là de l’atout maître de l’Autorité palestinienne : sa capacité de relancer le processus en contraignant Israël à affronter de nouveau son problème démographique, s’il n’honore pas ses engagements. Des promesses loyales et transparentes de Bush sur ces deux fronts pourraient transformer la feuille de route, aujourd’hui simple morceau de papier – accepté largement des deux côtés pour plaire aux États-Unis – en un document qui résoudrait le plus long conflit international de notre temps.

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