Entre Washington et Bruxelles, Rabat joue serré

Vers la conclusion d’un accord de libre-échange ?

Publié le 4 août 2003 Lecture : 2 minutes.

Taieb Fassi Fihri, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, et Robert Zoellick, le représentant spécial de la Maison Blanche pour les négociations commerciales internationales, ont assisté de concert, le 22 juillet à Washington, au lancement du Comité parlementaire pour le libre-échange avec le Maroc. Ce comité, qui regroupe actuellement dix membres du Congrès (et bientôt trente), a pour mission de favoriser la conclusion, avant la fin de l’année, d’un accord en bonne et due forme entre les deux pays.
Les pourparlers ont commencé au mois de janvier. Au terme de la troisième rencontre, au mois de juin, Fassi Fihri avait révélé que « les grandes lignes du futur accord sont définies ». Pourtant, les discussions continuent d’achopper sur la question agricole.
Le montant des importations marocaines est aujourd’hui de 12 milliards de dollars, dont 500 millions pour les importations en provenance des États-Unis. Celui des échanges bilatéraux ne dépasse pas 735 millions, soit moins de 5 % du commerce extérieur marocain. « À l’entrée dans le royaume, nos marchandises sont taxées à hauteur de 20 %, explique Zoellick, alors que les droits de douane pour les exportations marocaines vers les États-Unis sont d’environ 4 %. L’instauration d’une zone de libre-échange serait pour nous une bonne affaire. » Si les négociations aboutissent, le Maroc serait le premier pays africain à conclure un accord de libre-échange avec les États-Unis. Seuls quatre pays l’ont précédé dans cette voie : le Canada, le Mexique, la Jordanie et Israël.
À Paris, bien sûr, on grince des dents : la France est le premier partenaire commercial du Maroc. Et l’on s’efforce d’allumer des contre-feux. Lors de sa récente visite à Rabat (24-25 juillet), le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a annoncé l’octroi d’une enveloppe supplémentaire de 150 millions d’euros sur trois ans, alors que le royaume reçoit déjà de l’Agence française de développement 168 millions d’euros par an. Rabat a conclu des accords d’association avec l’Union européenne, ce que les autorités françaises jugent « incompatible » avec un accord avec Washington. Paris s’est engagé à intervenir à Bruxelles pour que le royaume obtienne le « statut avancé » (intermédiaire entre association et adhésion) qu’il réclame. Reste à savoir si Rabat succombera au chant des sirènes européennes.

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