Bush droit dans le mur ?

Publié le 4 août 2003 Lecture : 3 minutes.

Est-il au pied du mur ou le dos au mur – à moins qu’il n’aille droit dans le mur ? On le saura vite. Mais il y a lieu de craindre que la barrière de Cisjordanie ne marque aussi les limites des velléités de fermeté du président Bush à l’égard d’Ariel Sharon.
L’affaire avait pourtant semblé bien commencer. Reçu chaleureusement le 25 juillet à la Maison Blanche, le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas se vit qualifier par Bush d’« homme de paix » et crut trouver une oreille présidentielle attentive quand il développa les griefs palestiniens : l’édification du prétendu « mur de sécurité », qui entraîne l’expropriation de 13 % des terres de Cisjordanie en bouleversant la vie de ses populations ; l’existence des obsédants « postes de contrôle » (check-points) où les soldats de Tsahal multiplient les brimades, voire les meurtres ; la farce du démantèlement de quelques « avant-postes » de colonisation, aussitôt remplacés par d’autres ; le nombre insuffisant des libérations de prisonniers.
« Je comprends qu’il est très difficile de développer la confiance entre Palestiniens et Israéliens avec un mur enfermant la Cisjordanie », devait reconnaître notamment le président américain.

Conscient de ce changement de climat, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, avant d’être reçu à son tour le 29 juillet, jugea utile de faire quelques gestes. Par 14 voix contre 9 (dont les quatre ministres de l’Union nationale et du Parti national religieux, plus cinq likoudniks), il fit approuver par son cabinet la libération de 540 prisonniers palestiniens (au lieu de 350) dont 210 activistes du Hamas et du Djihad, exclus du premier projet. Il permit aussi à 18 000 résidents de Gaza de franchir le « terminal » d’Erez pour aller travailler en Israël, fit lever quelques barrages en Cisjordanie et se déclara prêt à remettre à l’Autorité palestinienne le contrôle de deux villes de plus.
De fort modestes concessions, en vérité, mais qui, hélas ! parurent suffisantes à George W. Bush pour qu’il se montre (presque) aussi cordial que d’habitude avec Ariel Sharon et modère les critiques auxquelles s’attendait celui-ci. Préférant parler de « clôture » à la manière israélienne, au lieu de « mur », il déclara seulement qu’il y avait là un « problème », sans demander l’arrêt de la construction, Sharon se bornant à promettre que son tracé serait étudié pour gêner les Palestiniens le moins possible : ce qui relève évidemment de la plaisanterie. De même, le Premier ministre israélien assura que 22 avant-postes avaient déjà été démantelés et qu’il y ajouterait une douzaine d’autres, ce qui est très inférieur aux 60 prévus par la feuille de route – surtout si l’on tient compte de ceux qui ont été réinstallés.
Enfin, la promesse de libérer deux villes cisjordaniennes supplémentaires reste en suspens. Le ministre de la Défense Shaul Mofaz a offert au ministre palestinien de la Sécurité Mohamed Dahlan de lui remettre le contrôle de Qalqilya et de Jéricho, ce qui a fait sourire intérieurement celui-ci : Tsahal, en effet, n’a depuis longtemps plus aucune activité à Jéricho. Dahlan a donc refusé l’offre, en demandant en revanche l’évacuation de Ramallah, siège de la résidence de Yasser Arafat et de Mahmoud Abbas.

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Autre point de litige : l’exigence israélienne, réitérée par Mofaz, d’un démantèlement de « l’infrastructure terroriste ». À quoi Dahlan a répondu : « L’infrastructure terroriste est un concept israélien que nous n’acceptons pas. Nous n’arrêterons pas des activistes et nous ne les combattrons pas tant que le cessez-le feu sera respecté. »

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