2003, année faste

Moissons exceptionnelles au Maroc, en Tunisie, en Algérie et en Égypte. De quoi réduire la facture céréalière et doper la croissance !

Publié le 4 août 2003 Lecture : 3 minutes.

La fin de la saison des moissons prend un air de fête au Maghreb. Dans les campagnes, les jeunes agriculteurs, reconnaissables à leurs pick-up de marque japonaise ou française, ont retrouvé de leur superbe si caractéristique aux années fastes. Dans les familles paysannes, les mariages, en baisse ces dernières années en raison du déficit de revenus dus à la sécheresse, ont repris de plus belle. Beaucoup de ruraux, qui vivent largement de l’agriculture, ont retrouvé des emplois, même s’ils sont saisonniers. Dans les villes, banquiers et commerçants ne sont pas en reste. Les agriculteurs commencent à rembourser leurs emprunts, alors que les échéances impayées s’étaient accumulées pendant toutes les années marquées par l’absence de pluie. Mieux, ils dépensent et « font tourner la machine ».
Les hommes politiques au pouvoir se frottent les mains, surtout dans les pays qui, comme l’Algérie et la Tunisie, sont à la veille d’importantes échéances électorales (des scrutins présidentiels et législatifs sont prévus en 2004). À moins d’une catastrophe, le ciel a déjà voté pour les régimes en place en réduisant les risques d’un mécontentement social.
Après plusieurs années de sécheresse, les pluies sont en effet régulières et abondantes depuis octobre 2002. Du coup, en cette fin d’été, les moissons peuvent être qualifiées d’exceptionnelles. Ces pays ont rarement connu, en même temps, un climat aussi favorable à l’agriculture. Tout semble le confirmer : 2003 sera une année faste.
Au Maroc, la récolte céréalière est estimée à 80 millions de quintaux, en hausse de 59 % par rapport à la précédente et de 87 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Elle est de 45 millions de quintaux en Algérie, soit plus du double de celle de l’an dernier (19 millions de quintaux). En Tunisie, elle devrait être largement supérieure à 20 millions de quintaux, soit au moins quatre fois plus qu’en 2002 et presque deux fois plus que la moyenne des cinq dernières années. En Égypte, les prévisions tablent sur une récolte de blé de l’ordre de 66 millions de quintaux, légèrement supérieure à la moyenne de 64 millions enregistrée depuis cinq ans.
Ces récoltes nord-africaines exceptionnelles ont apparemment pris de court tous les experts internationaux. D’autant que ces pays figurent parmi les principaux importateurs de céréales. L’Algérie arrive au cinquième rang mondial pour le blé tendre et dur, et le Maroc au douzième. La Tunisie est le sixième importateur d’orge, le Maroc septième et l’Algérie dixième. Même si ces bonnes récoltes sont encore insuffisantes pour assurer l’autosuffisance alimentaire des pays du Maghreb, elles devraient néanmoins leur permettre de réduire leurs importations. Ce qui devrait entraîner une baisse des prix mondiaux. D’ici à juin 2004, l’Algérie ne devrait en principe importer que le quart de ses besoins, qui sont de l’ordre de 60 millions de quintaux par an, et économiser plus de la moitié des 800 millions de dollars (709,9 millions d’euros) qu’elle consacre au financement de son déficit céréalier.
Dans ces pays, de bonnes conditions climatiques présentent un double avantage : elles soulagent la balance des paiements et dopent la croissance du Produit intérieur brut (PIB). L’agriculture représente environ 12 % de ce dernier en Algérie et en Tunisie, 14 % en Égypte et jusqu’à 20 % au Maroc. Les bonnes récoltes de cette année devraient donc contribuer à propulser le taux de croissance du PIB au-dessus de la barre des 5 % (sauf en Égypte), à un moment où un sensible ralentissement est perceptible dans les secteurs manufacturiers et le tourisme. En Tunisie, le taux de croissance est estimé à 5,5 % pour 2003 (contre 1,9 % en 2002). En Algérie, il devrait avoisiner de 6 %, chiffre remarquable compte tenu des conséquences économiques et financières du séisme du 21 mai : le coût des dégâts matériels est en effet estimé à 5 milliards de dollars. Au Maroc, le taux de croissance devrait être de l’ordre de 5,5 % (contre 4,5 % l’an dernier). En revanche, il ne devrait pas dépasser 3,5 % en Égypte, en raison du fort impact de la guerre en Irak et de la crise du tourisme.

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