Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 5 juillet 2005 Lecture : 6 minutes.

Annulation de la dette : et la Guinée ?
Pourquoi la Guinée, où la pauvreté et l’endettement sont particulièrement élevés, ne figure-t-elle pas parmi les pays élus par le G8 ? Soit nous sommes assez riches, ce qui serait étonnant vu nos conditions de vie, soit les autres pays font davantage d’efforts pour réformer leur système pour une meilleure gouvernance. Quoi qu’il en soit, nous vivons l’une des conséquences tragiques du retard que nous ne cessons d’accumuler dans la mise en oeuvre des réformes politiques, sociales et économiques.

Tous les Français ne sont pas arrogants
J’ai été surprise par une lettre (voir J.A.I. n° 2319), particulièrement virulente, sur l’attitude des coopérants en Afrique. Je suis moi-même française et, depuis trente ans, j’habite et travaille sur le continent africain. Il m’arrive parfois d’avoir une piètre opinion de certains de mes compatriotes, mais tous les Français ne sont pas « orgueilleux, capricieux, arrogants, exigeants ». La majorité d’entre eux s’acquittent avec coeur et professionnalisme des tâches qui leur incombent. Il serait préférable de ne pas faire l’amalgame entre quelques « brebis galeuses » et le reste de la bergerie…

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Deux Africaines exemplaires
Le 14 juin dernier, dans le grand salon de la Sorbonne, à Paris, huit universitaires originaires de quatre continents ont reçu le titre et les insignes de docteur honoris causa de l’université Pierre-et-Marie-Curie. Parmi eux se trouvaient une Sud-Africaine et une Burkinabè en poste au Niger.
Contrairement aux autres récipiendaires, grands professeurs et chercheurs notamment en mathématiques, ces deux Africaines sont des travailleuses de terrain. Jennifer Ann Thomson est professeur de biologie à l’université du Cap, très engagée dans l’agriculture et la défense des petits paysans. Sanata Rabiou-Diallo, elle, est docteur en médecine, responsable nationale de la lutte contre le sida, travaillant dans le cadre de l’Unicef et du Pnud après avoir été à l’hôpital de Niamey. Cette dernière, au nom de ses huit colauréats, a lancé un vibrant appel aux chercheurs pour un soutien aux mouvements associatifs. Nous espérons qu’elle a été entendue.

Obasanjo et Bakassi
En réaction aux propos du président nigérian Olusegun Obasanjo (voir J.A.I. n° 2316), je pense que si le Nigeria occupe toujours Bakassi, trois ans après le verdict de la Cour internationale de justice qui rendait cette péninsule au Cameroun, c’est qu’il n’a pas le désir de vivre en paix avec son voisin. Ce ne sont pas les marchands d’armes qui « dressent le Nigeria et le Cameroun l’un contre l’autre », c’est Obasanjo qui veut dicter à son homologue Paul Biya la loi du plus fort. Le Nigeria se disqualifie ainsi pour représenter l’Afrique comme membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies. Par ailleurs, quelle Union africaine pouvons-nous espérer si son président en exercice méprise la décision de la justice internationale et, partant, les principes de l’ONU et de l’UA ?

Konaré mérite notre soutien
Le malentendu entre Alpha Oumar Konaré et Olusegun Obasanjo (voir J.A.I. n° 2318) témoigne d’un mal africain récurrent : celui du leadership démolisseur. Quelles que soient mes réserves concernant les dix ans de présidence Konaré au Mali, ce serait faire insulte à l’homme que de mettre en doute sa conviction panafricaine. Malgré les obstacles, il se bat avec passion pour l’avènement d’une autre Afrique. Son franc-parler et ses actions concrètes sont indispensables pour sortir de l’hypocrisie intra-africaine. Il mérite le soutien de la jeunesse.

Affamer Cuba est une honte
Je reviens de La Havane où j’ai passé dix jours de vacances et je voudrais partager ici mes inquiétudes avec les lecteurs de Jeune Afrique/l’intelligent.
Cuba est un pays qui vit tant bien que mal du tourisme et des dons des pays qui acceptent de l’aider. Mais si j’ai admiré les Cubains pour leur courage, qui est loin de cacher leur désespoir, force est de reconnaître qu’ils souffrent beaucoup de l’embargo imposé par les États-Unis contre l’avis de plusieurs pays du monde. Cette folie américaine a assez duré et elle n’a aucun effet sur celui que les Yankees visent, le président Ruz Fidel Castro !
Mon projet n’est pas de défendre le président cubain ni son gouvernement, dont la responsabilité reste indéniable dans le drame qui sévit. L’image de Che Guevara est d’ailleurs plus présente que celle de Fidel lui-même dans les rues et dans les mémoires, et elle ne suffit plus à garder la flamme de la révolution aussi vive. Mais le peuple cubain croupit dans la misère sous l’oeil passif de la communauté internationale, elle-même trop divisée pour faire face à la cruauté et à l’intransigeance américaines. Les Cubains en général comprennent mal le fait qu’on les affame, et la responsabilité de leurs souffrances est en chacun de nous, passifs sujets d’une hégémonie américaine qui a fait assez de mal.
À mon avis, Fidel n’est plus une menace, encore moins le communisme, et ceux des réfugiés cubains qui soutiennent ce genre d’embargo devraient aller voir comment vit le peuple. En ce qui nous concerne, nul doute qu’il faut lever l’embargo et permettre aux Cubains de prendre leur destin en main. Il y a des leaders pires que Fidel dans le monde, et leurs pays vivent sans crainte ni peur de représailles.
Les Américains devraient avoir honte et avec eux tous ceux qui les soutiennent, car Cuba est debout, fière comme une citadelle qui refuse de céder sous les assauts répétés des nouveaux impérialistes qui rejettent toute vérité qui ne leur convient pas !

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Meknès, son maire et ses marchands
J’ai trouvé votre article sur le PJD (voir J.A.I. n° 2319) intéressant à plus d’un titre. J’espère qu’Aboubakr Belkora est sincère quand il parle d’islam modéré et de respect d’autrui. Il serait bien qu’il tente un « reclassement » des marchands de la Médina, c’est-à-dire qu’il les incite à augmenter la qualité de leurs articles et services, pour se différencier des pratiques des supermarchés. Ainsi pourrions-nous avoir un équilibre concurrentiel.

Si nous parlions dopage ?
À la suite de votre article sur Asafa Powell (voir J.A.I. n° 2319), j’attire votre attention sur le fait que vous citez d’autres athlètes d’origine jamaïcaine : Lindford Christie et Marlène Ottey. Or le premier était, dès 1988 aux J.O. de Séoul, soupçonné de dopage, fait avéré en 1999 où il fut contrôlé positif à la nandrolone lors d’un meeting. Le cas Ottey est identique. Il reste Donovan Bailey, il est vrai…
L’histoire d’Asafa Powell me rappelle celle de Marion Jones ou de Dwain Chambers (contrôlé positif à la THG) : jeunes, prometteurs, très tôt ils ont aligné des performances de très haut niveau. Trop beau pour être vrai ? Dans le cas Chambers, oui. L’avenir nous le dira pour Powell. Mais 9 »77 en 2005 alors qu’il n’était qu’à 10 »60 en 2001, la progression est anormale, quoiqu’elle n’ait été relevée par aucun journaliste. Je ne partage donc pas votre optimisme quant à la « propreté » de Powell. Pour mémoire : tous les sprinters qui ont fait moins de 9 »80 au 100 mètres ont été dopés : Ben Johnson en 1988, Tim Montgomery en 2004. Reste le cas de Maurice Greene, mais au vu de ses performances régulières, j’en doute également.

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Un Marcoussis économique
n Nous, Ivoiriens, sommes collectivement responsables de nos malheurs. La classe politique l’est, en premier lieu, car elle a fait des alliances objectives sans qu’aucun programme commun ne soit mis en place. La population civile ensuite, pauvre et manipulable à merci, a suivi par pur tribalisme ses leaders politiques. Il serait souhaitable qu’il y ait un « Marcoussis économique », car les hommes passent, l’intérêt national reste. Dans un environnement international de plus en plus interactif, comme l’explique Georges Neyrac dans son livre Ivoire nue (Éditions Jacob-Duvernet, mars 2005), le rôle des puissances étrangères est aussi à clarifier, compte tenu des achats massifs d’armes de guerre qui ont été réalisés.

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