Témime Lahzami

Ancien international tunisien de football.

Publié le 4 juillet 2005 Lecture : 4 minutes.

Il fut un temps où Témime Lahzami, né Ben Abdallah, ne suscitait pas de commentaires particuliers. Ce « Hammamlifois » – il est né le 1er janvier 1949 à Hammam Lif, banlieue sud de Tunis – apparaissait comme un footballeur assez doué parmi d’autres. Puis il émergea. Irrésistiblement. On le vit briller avec le Club sportif d’Hammam Lif (CSHL) puis l’Espérance sportive de Tunis (EST), avec l’équipe de Tunisie, dans des matchs amicaux ou de compétition. On le vit, un après-midi de décembre 1977, sur la pelouse d’El-Menzah, donner le tournis aux défenseurs égyptiens (défaits par 4 à 1) et offrir ainsi à son pays un précieux ticket pour la Coupe du monde 1978.

Témime ? Un crack ! Une classe époustouflante. Une drôle de tête, aussi. Une tête bruissante de révoltes, de caprices. D’où une carrière en dents de scie et des occasions manquées comme la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations au Ghana en mars 1978. Trois mois plus tard, en Argentine, Témime crève l’écran lors du Mondial. Face aux Mexicains (3-1), aux Polonais (0-1) et aux Allemands (0-0), il dribble, déborde, multiplie les services précis. Le public argentin est charmé. La Tunisie ne franchit pas le premier tour, mais son numéro 7 figure dans la sélection mondiale qui sera invitée par le Cosmos de New York pour le jubilé du roi Pelé.
Témime au premier abord : une taille réduite et des cuisses puissantes. Comme tous les joueurs courts, de la vélocité et le sens de l’équilibre. Un ailier au démarrage fastueux sur la droite. Un dribbleur exceptionnel, inventif et rusé. Un maestro du contre-pied surnommé par ses admirateurs « le 7 de carreau ».
L’itinéraire de Témime est classique. « École » de la rue et des terrains vagues, première licence à 13 ans au CSHL et un apprentissage de cinq ans. L’entraîneur français Edmond Delfour finit par l’intégrer dans l’équipe des seniors. Hammam Lif court toutefois après sa gloire passée. Souvent mal classé, le club n’évite pas la relégation à la fin de la saison 1969-1970. Témime n’hésite pas : il rejoint le club plus huppé de l’Espérance de Tunis. Son style conquiert les supporteurs « sang et or ». Le 9 avril 1972, à Tunis, il étrenne ses premiers galons d’international face à l’équipe de France Espoirs (2-1). Il totalisera, jusqu’en avril 1981, 69 sélections et 12 buts.
Attiré par les pétrodollars, il quitte l’EST pour l’Ittihad de Djedda. Avec le Mundial argentin, sa cote et sa réputation sont à la hausse. Mais Témime attend l’été 1979 pour répondre à l’offre de l’Olympique de Marseille. Il a 30 ans bien sonnés lorsqu’il débarque sur la Canebière. Rapidement, ses dribbles chaloupés, ses départs balle au pied collant à la chaussure, ses accélérations en pleine course et ses centres au cordeau sont un régal pour les fans de l’OM. Mais l’idylle avec Marseille ne dure qu’un été. Fin décembre, il rachète pour 150 000 FF son contrat, fait ses valises et rentre à Tunis. Trop âgé ? Réfractaire à l’entraînement à la marseillaise ? Victime du racisme ? En conflit avec l’entraîneur ? Quoi qu’il en soit, il reprend pour une année du service à l’Ittihad de Djedda. Il regagne ensuite le CSHL, où il boucle deux saisons avant de raccrocher en 1984.

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Témime ne s’éloigne pas pour autant des terrains. Il décroche un diplôme d’entraîneur de troisième degré et se met au service de petits clubs. L’expérience ne le satisfait pas. Il renonce. Plus tard, il encadre l’équipe de Tunisie des minimes. Nouvelle déception. « Je n’adhère pas, explique-t-il, à la mentalité qui sévit dans le milieu du foot. Nous autres, les anciens du Mundial 1978, sommes respectés et souvent sollicités. La gratitude est là, mais non la reconnaissance. S’il est naturel que la fédération intègre dans ses structures des dirigeants de clubs, des hommes d’affaires, des bureaucrates, des médecins…, elle doit aussi faire appel aux footballeurs et en inclure au moins deux, même au titre de conseillers techniques. »

Témime dirige depuis plus de dix ans une société de services. Il ne rate pas les tournois de vétérans ni les matchs de gala. Le foot tunisien d’aujourd’hui ne le passionne pas. Il en parle sans détour : « Le jeu, affirme-t-il, est moins efficace et moins spectaculaire qu’au… Qatar. Nos grands clubs qui gèrent des budgets colossaux importent des joueurs de quatrième catégorie. Ils se servent aussi dans les petits clubs. Et ceux-ci sont contraints de vendre leurs meilleurs éléments pour survivre. La formation des jeunes est partout négligée ou mal assurée. Le niveau du championnat est très moyen. La sélection nationale a bien eu raison de recourir en masse aux expatriés, aux nationaux nés ou formés en Europe et aux naturalisés. Ils sont sérieux, disciplinés et concentrés. Leur apport est indiscutable. »

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