Pourquoi appelle-t-on la Chine empire du Milieu ?

Question posée par Youssouf Touré, Asnières-sur-Seine, France

Publié le 5 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Ce sont les Chinois eux-mêmes qui définissent leur pays comme l’empire (ou le royaume) du Milieu : Zhongguo en mandarin. Jusqu’au XIXe siècle, Zhongguo signifiait « le centre du pays », c’est-à-dire, grosso modo, la province du Hunan d’aujourd’hui. Traditionnellement, les Chinois plaçaient leur empereur en ce centre et imaginaient des anneaux concentriques s’étendant du Hunan vers les régions limitrophes « barbares ». Lorsque la Chine commencera à avoir des contacts directs avec le monde occidental, Zhongguo désignera l’ensemble du pays.
Un autre terme, plus littéraire, est utilisé comme synonyme : Zonghua, que l’on peut traduire par « prospérité du centre ». Mais Hua a un autre sens, la nation « Han », autrement dit la nation chinoise. Il apparaît dans le nom officiel de la République populaire de Chine : « Zonghua Renmin Gonghe Guo ».
Dans les pays voisins, les appellations de la Chine dérivent en général de ces termes. Les Japonais parlent de Chuugoku, les Coréens de Jungguk. Rien de tel hors de l’Asie orientale. En anglais, on utilise le mot Cathay (voisin du russe Kitai). Il vient de Khitan, nom du groupe ethnique originaire de Mandchourie qui a fondé le royaume de Liao, dans la région de Pékin, au Xe siècle. C’est le voyageur italien Marco Polo (1254-1324) qui l’a popularisé à son retour d’Extrême-Orient à travers son Livre des merveilles du monde, qui connut un très grand succès à l’époque.
Il ne fit pas école chez lui, car les Italiens appellent Cina le pays de Mao et Deng Xiaoping. Comme Chine en français, comme China en allemand, en espagnol, en roumain ou en portugais, comme Kinas en suédois et en norvégien, comme Chiny en polonais, comme Çin en turc, ce mot vient probablement, à travers le sanskrit Cin, du nom de l’empire de Quin (IIe siècle avant Jésus-Christ).
Si les Chinois ne s’offusquent nullement de l’utilisation par les Occidentaux de ces différentes appellations, ils considèrent le terme japonais Shina, de la même racine, comme une insulte blessante. Il leur rappelle trop la Seconde Guerre sino-japonaise (1937-1945) et l’occupation de leur pays par le voisin nippon.
Curieusement, le Sin des Arabes, qui remonte à des temps immémoriaux, aurait une origine séparée. La même, semble-t-il, que le Sinae des Grecs.

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