Lotfi Amine Hachemi

Directeur général de la chaîne de télévision Algérie Première

Publié le 5 juillet 2005 Lecture : 3 minutes.

Ceux qui ne le connaissent pas le prendraient volontiers pour un doux rêveur ou, au pire, pour un naïf. « Il en a dans la tête, assure l’actrice Biyouna. C’est un jeune qui monte. » Avec son visage poupin et son sourire facile, Lotfi Amine Hachemi veut être aimé ou, au moins, être apprécié, comme tout le monde. Pour ce qu’il est, mais aussi pour ce qu’il fait. Car Amine – ou Lotfi, selon les occasions – n’est pas seulement le fils de Baya, sa maman, qui, en plus d’être la première femme journaliste algérienne, est aussi une ancienne combattante de la guerre de libération nationale. Cet enfant de moudjahidine, descendant d’un grand-père imam et d’un autre juge, dit avoir grandi « entre tradition et modernité ». Tradition héritée de ses ancêtres maternels, des « Tidjani » de la zaouïa (NDLR : confrérie religieuse) de Tablat ; et modernité d’une enfance passée entre studios et plateaux de télévision.

Grâce à sa mère, alors « pilier de la télévision nationale », le petit Amine a participé à des émissions jeunesse comme Le jardin magique, dans lequel il a entonné ses premières chansonnettes. Et puis, à l’âge de 9 ans, c’est le grand départ pour l’Europe. Avec son père ingénieur informatique, il émigre en Belgique, où il poursuit sa scolarité primaire, puis secondaire, au prestigieux collège Saint-Michel de Bruxelles. Depuis, le Manneken-Pis n’a plus de secret pour lui ! Si Amine habite aujourd’hui encore dans la capitale belge, il n’a jamais vraiment perdu de vue Alger et l’Algérie. Revenu en 1990, lors de la libéralisation de la presse sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche, il assiste à la naissance de MOIP, la première société de production télévisuelle privée du pays. Créée par sa mère, MOIP est alors le meilleur terrain pour mettre en pratique les acquis de sa formation technique audiovisuelle. « J’ai commencé par être simple assistant, souligne Amine Hachemi. Après cela, je me suis mis à l’éclairage, et puis à la photo, au son, à la caméra. Je suis passé ensuite à la réalisation, la production, la direction de production, pour aujourd’hui devenir entrepreneur avec Algérie Première. »

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Il lui a pourtant fallu du temps. Âgé de 20 ans à peine lors de son premier retour en Algérie, il en repart en 1993 parce qu’il se sent « trop libéral » pour y vivre. Alors, « de l’autre côté », il tente d’aider son pays. Accrédité par l’Union européenne, il a tourné un film sur une enfance algérienne brisée par le terrorisme. Le film, diffusé sur vingt-huit chaînes étrangères, n’a encore jamais été montré en Algérie. Mais Amine ne désespère pas. Revenu en 1998 dans son pays, il a continué à travailler, avec un rêve de plus dans la tête : créer une chaîne de télévision. Qu’importe si le président Bouteflika – qu’il a publiquement soutenu lors de la dernière présidentielle – s’est dit opposé à l’ouverture du champ audiovisuel privé, Amine y croit dur comme fer. À 33 ans, il crée donc une EURL de droit luxembourgeois dont il est le directeur général et qui est financée « par des sponsors ». La chaîne Algérie Première (www.algerie-premiere.com) se veut une chaîne faite par les jeunes, pour les jeunes. Elle parlera de tout, sauf de politique. Au programme : sport, musique et divertissements. En partenariat avec la chaîne française La Locale, elle diffuse déjà un programme hebdomadaire, une sorte de « Compte rendu de la semaine en Algérie », le vendredi de 17 heures à 19 heures. À partir de septembre, la chaîne devrait diffuser en continu sur sa propre fréquence. Et ce n’est pas tout. Algérie Première devrait voir le jour « avant la fin de l’année », promet Amine. À l’en croire, le projet serait à un stade « très avancé ». Il espère ainsi atteindre le million de téléspectateurs au Maghreb. Rien que ça ? « Si vous n’avez pas d’ambition, glisse-t-il avec un sourire, vous n’avez pas d’avenir. »

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