Le monde n’aime plus l’Amérique

Une enquête d’opinion menée simultanément dans seize pays révèle les effets dévastateurs, en termes d’image, de la politique étrangère de Bush.

Publié le 4 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Un sondage réalisé du 20 avril au 31 mai par l’institut Pew Research Center le confirme :
l’image des États-Unis dans le monde de cesse de se détériorer. Dix-sept mille personnes ont été interrogées par une équipe dirigée par l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright et l’ancien sénateur John C. Danforth, dans seize pays: Allemagne, Canada, Chine, Espagne, États-Unis, France, Royaume-Uni, Inde, Indonésie, Jordanie, Liban, Pakistan, Pays-Bas, Pologne, Russie et Turquie.
La guerre en Irak est apparemment la principale cause de ce désamour. L’étude montre en effet une nette progression des opinions hostiles après l’invasion de 2003. La majorité des personnes interrogées reprochent à la première puissance mondiale de ne tenir aucun compte des intérêts des autres pays et d’être largement responsable de l’aggravation de la menace terroriste. Seuls les Américains (à 49 %) et les Indiens (45 %) estiment que le renversement de Saddam Hussein a contribué à rendre le monde plus sûr. Les Français (70 %) et les Espagnols (68 %) sont, par exemple, d’un avis exactement opposé.
La récente mobilisation des Américains en faveur des victimes du tsunami asiatique de décembre 2004 n’a globalement pas provoqué d’inversion de tendance, même si leur cote s’est un peu améliorée : 38 % d’opinions favorables, contre 15 % en 2003. Mais dans trois pays musulmans pourtant alliés des États-Unis (Turquie, Pakistan, Jordanie), ils ne sont que 20 %, en moyenne, à avoir une image positive de ce pays. Même chose chez les musulmans
du Liban (22 %). En revanche, leurs compatriotes de confession chrétienne plébiscitent l’Amérique à 72 %.
Dans une sorte de jeu de bascule, cette dégradation de l’image des États-Unis se traduit curieusement par une amélioration de celle de la Chine. Les Jordaniens (77 %), les Pakistanais (60 %) et les Turcs (56 %) ne cachent pas leur désir de voir cette dernière devenir une puissance militaire capable de tenir tête à l’hyperpuissance américaine.
Certains Européens ont eux aussi une meilleure opinion de la Chine que de l’Amérique. C’est le cas des Espagnols (57 % contre 41 %), des Français (58 % contre 43 %) et même des
Britanniques (65 % contre 55 %) ce qui ne les a pas empêchés de reconduire Tony Blair, pourtant le plus fidèle allié de l’administration Bush, dans ses fonctions de Premier ministre, le 5 mai dernier. En fait, les opinions favorables ne sont majoritaires que dans six pays sur seize: outre les États-Unis, il s’agit de l’Inde (71 %), de la Pologne (62 %), du Canada (59 %), de la Grande-Bretagne (55 %) et de la Russie (52 %). Encore
ces bons résultats doivent-ils être tempérés. Chez le voisin et allié canadien, par exemple, les opinions favorables se réduisent comme peau de chagrin: 72 % en 2002, 63 % en 2003, 59% aujourd’hui De même, le pourcentage des Canadiens convaincus que la politique étrangère américaine prend en compte les intérêts de leur pays est passé de 25 % en 2002 à 18 % cette année. Un résultat qui s’explique, en partie, par la réélection de
George Bush en 2004.
Les Espagnols (76 %), les Allemands (65 %), les Français (63 %) et les Néerlandais (63 %) expliquent eux aussi la mauvaise opinion qu’ils ont de l’Amérique par la politique étrangère menée par l’administration Bush depuis cinq ans. Les Américains eux-mêmes ne sont pas dupes des sentiments qu’ils inspirent : 69 % des personnes interrogées sont conscientes que leur pays est malaimé du reste du monde, mais cela ne les empêche nullement d’en avoir une bonne opinion (83 %).

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