El-Djazaïr, service palace

Les grands hôtels de la capitale affichent complet. C’est le cas de l’ex-Saint-George, un lieu au passé mythique et au luxe discret.

Publié le 5 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Le directeur de l’hôtel El-Djazaïr (ex-Saint-George), Kamel Hamamouche, est un homme heureux. Son établissement affiche complet depuis le début de l’année. Les bénéfices s’accumulent, et El-Djazaïr vient d’ouvrir un bel établissement, le Kerdada, aux confins de Boussaada, une ville située aux portes du désert algérien. « Il a fallu de la rigueur et de la clairvoyance pour redresser la barre. Il a aussi fallu secouer le cocotier », affirme ce quinquagénaire, dont le passage du secteur du bâtiment et des travaux publics à l’hôtellerie relève d’un heureux hasard. Depuis quelques mois, le secteur de la grande hôtellerie connaît une certaine effervescence en Algérie, et la concurrence devient de plus en plus féroce entre le Sheraton, le Hilton, l’Aurassi, le Sofitel, le Mercure et, évidemment, El-Djazaïr. Avec l’arrivée du géant mondial Accor, associé au milliardaire algérien Djilali Mehri, les clients n’auront que l’embarras du choix. « Les autorités sont décidées à relancer le secteur touristique, et l’État se désengagera en privatisant les hôtels publics », soutient Kamel Hamamouche. Bien sûr, El-Djazaïr se prépare à cette perspective avec un plan d’investissement de 600 millions de dinars (6,6 millions d’euros), lancé depuis l’année 2000. « Nous avons totalement rénové l’hôtel, amélioré nos services et modernisé nos infrastructures. El-Djazaïr est redevenu le grand palace d’antan », souligne Kamel Hamamouche.
Il est vrai que l’ex-Saint-George est un palace, un lieu mythique, un havre luxueux pour hommes d’affaires, artistes et journalistes de passage dans la capitale algérienne. Construite aux environs de 1514 pour servir de résidence au dey d’Alger, cette grande bâtisse de style mauresque est tombée dans l’escarcelle d’une famille britannique en 1889, d’où l’appellation Saint-George. Transformée en hôtel, elle n’a eu de cesse d’accueillir des hôtes prestigieux. Les écrivains Francis James, André Gide et Jules Roy y ont fait escale, Winston Churchill y a réservé une suite, le crooner égyptien Farid al-Atrache et Dalida ont eu droit aux honneurs de l’établissement, et, pendant la Seconde Guerre mondiale, le général Eisenhower y avait installé son quartier général dans une aile pour élaborer les plans du débarquement des Alliés en Normandie en juin 1944. Avec ses 296 chambres, ses 18 suites et son jardin botanique aux trois cents essences méditerranéennes, El-Djazaïr est un monument d’histoire.
Classé patrimoine culturel algérien, il a connu une période creuse au milieu des années 1990, lorsque la violence terroriste s’est déchaînée à travers tout le pays. Conséquence : l’Algérie était devenue infréquentable et le Saint-George aussi. Une époque aujourd’hui révolue. « Non seulement l’établissement est rentable, mais nous venons d’acquérir un hôtel dans le Sud qui aura le même standing que celui d’Alger, annonce le directeur. Nous devons créer une plus-value pour un éventuel repreneur. » Dans le cadre de l’opération de privatisation, le conseil d’administration du Saint-George est disposé à étudier toutes les éventualités. Ouverture du capital de l’entreprise, vente proprement dite ou contrat de management, l’hôtel est fin prêt.

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