Cameroun : Yaoundé en opération séduction auprès de la diaspora

Le ministre des Relations extérieures et des parlementaires ont engagé une série de rencontres avec des Camerounais de l’étranger venus assister à la Coupe d’Afrique des nations. La contre-offensive peut-elle porter ses fruits ?

Tribune d’honneur du couple présidentiel comorien lors de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations, le 9 janvier 2022, au stade omnisports d’Olembé à Yaoundé. © MABOUP.

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 4 février 2022 Lecture : 3 minutes.

Terreau de l’activisme anti-Biya, la diaspora camerounaise a fait l’objet d’une vive attention de la part des autorités ces dernières semaines. À Yaoundé, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui s’achève le 6 février aura même été vue comme une occasion de rapprochement avec cette frange de la population traditionnellement hostile au président Paul Biya.

Depuis la fin du mois de janvier, le Réseau des parlementaires pour la diaspora s’active pour séduire et convaincre les Camerounais rentrés pour assister aux matchs. “Il y a la place au Cameroun pour tous les Camerounais, peu importe leurs appartenances politiques, ethniques, religieuses ou idéologiques”, insiste son président Louis-Henri Ngantcha.

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À Yaoundé, Douala et à Limbe, les députés et sénateurs ont donc multiplié les rencontres, tout comme d’ailleurs le ministre des Relations extérieures. Lejeune Mbella Mbella a, lui aussi, profité de la CAN pour recevoir des Camerounais de la diaspora porteurs de projets.

Des billets gratuits pour la CAN

Dans la capitale camerounaise, pour chaque match disputé par l’équipe nationale plusieurs centaines de billets étaient mis à la disposition de la présidence, des membres du gouvernement et des officiels. Une large partie a été redistribuée aux fonctionnaires de diverses administrations, mais aussi aux membres de la diaspora venus soutenir les Lions indomptables – ils ont été défaits en demi-finale face à l’Égypte (0-0, 1-3 aux t.a.b.).

Ces initiatives sont-elles une réponse aux critiques formulées par les anti-Biya qui se sentent exclus de la CAN ? Au début de la compétition, certains avaient demandé – sans succès – à être autorisés à venir librement dans leur pays d’origine pour assister à la compétition mère du football africain.

Privé de son passeport camerounais et expulsé, l’écrivain Patrice Nganang espérait que la CAN serait l’occasion d’une accalmie

C’est le cas de Patrice Nganang, connu pour son opposition au président et très engagé en faveur des « exilés politiques ».  Privé de son passeport camerounais et expulsé manu militari du Cameroun après avoir commis un texte critique sur la crise anglophone en décembre 2017, l’écrivain installé aux États-Unis espérait que la CAN serait l’occasion d’une accalmie dans les batailles politique qui opposent Yaoundé à ses opposants à l’étranger.

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« Il s’agit de milliers de personnes installés à travers le monde qui ne peuvent pas rentrer dans leur pays […]. Ce n’est pas normal que les Camerounais qui aiment le football ne puissent pas venir participer à cette fête”, avait-il plaidé dans une vidéo diffusée sur sa page Facebook.

L’affaire des trois « influenceuses » pro-Biya

« Les Camerounais sont libres d’aller et venir comme ils veulent, pour autant qu’ils disposent du nécessaire pouvant leur permettre de se déplacer, rétorque un cadre de la Direction générale de la sureté nationale (DGSN), contacté par Jeune Afrique. Passeport ou laissez-passer pour ceux qui ont gardé la nationalité camerounaise, visa en plus pour ceux qui ont acquis une autre nationalité. » Sauf que pour ces opposants dont la plupart sont bien connus des représentations diplomatiques camerounaises, il est quasi impossible d’obtenir une réponse favorable à une demande de visa.

Pour les opposants, il est quasi impossible d’obtenir un visa

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Leur situation avait vivement contrasté, mi-janvier, avec celle de trois « influenceuses » camerounaises basées en France et invitées à la CAN. Un document attribué au directeur du cabinet civil de la présidence, Samuel Mvondo Ayolo, demandant que leur séjour soit entièrement pris en charge par l’État avait circulé sur les réseaux sociaux, suscitant une vive polémique. Prévu pour durer un mois, le voyage de ces pro-Biya, réputées sur les réseaux sociaux pour leurs outrances langagières, a finalement été annulé.

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