Paroles de « repats » : ces Français d’origine africaine qui ont fait le choix du retour

« Diversité : une hypocrisie française » (7/7). Découragés par les discriminations, anxieux face à la montée de l’extrême droite, de nombreux Français d’origine africaine ont décidé de prendre un aller simple pour le continent. Et tous s’en félicitent. Témoignages.

© MONTAGE JA : Sylvain Cherkaoui pour JA

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Publié le 6 mars 2022 Lecture : 7 minutes.

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Diversité, une hypocrisie française

Contrairement aux fantasmes de la nouvelle doxa populiste, non seulement la part des étrangers et des citoyens issus de l’immigration dans la population française est loin d’être élevée, mais leur représentativité ne correspond même pas à leur poids. État des lieux.

Sommaire

Il y a Ina, qui s’est vu refuser la location d’un appartement parce que son dossier était « trop beau pour être vrai », selon la propriétaire, qui a cru bon d’ajouter : « On connaît les arnaques des Africains. » Ou Aminata, qui garde un souvenir douloureux des nombreux contrôles de police auxquels elle assistait, enfant, quand elle se promenait dans les rues de Paris avec son père.

Chacune des personnes rencontrées a ce type d’anecdotes à raconter, ces « petites » remarques soi-disant bienveillantes, ces actes de racisme ordinaire qui finissent par peser. Nées dans l’Hexagone ou dans leur pays d’origine, ces Françaises noires ont fini par être lassées d’être toujours « l’autre » dans leur propre pays.

Animées par un désir d’entreprendre, de changer les choses, de renouer avec leur famille ou avec leurs racines, elles ont fait le choix de (re)venir s’installer sur le continent. Une décision parfois mal vécue ou mal comprise par leurs propres parents, qui avaient eux-mêmes tout quitté pour leur offrir une chance de réussir. Toutes confient aussi le choc culturel qui les a surprises dans leur nouveau pays, qu’elles ont parfois rejoint avec un peu de naïveté. Pourtant, elles n’envisagent pour rien au monde de retourner dans l’Hexagone. Rencontre avec ces ex-Afropéennes qui ont fait le choix du retour.

• Ina, 36 ans, à Bamako depuis 2015 : « Nos parents sont partis pour réussir, on revient pour les mêmes raisons »

« C’est à la naissance de mon premier enfant que j’ai eu envie de partir. Petite, les micro-agressions racistes m’ont beaucoup marquée, je ne voulais pas que mes enfants grandissent dans le même contexte. Je refuse qu’ils puissent se dire que les Noirs sont inférieurs aux Blancs. Quand on est jeune, on a juste envie d’être comme tout le monde. Le racisme et l’islamophobie ne cessent d’empirer en France. Mon mari est très pratiquant, et je sais qu’il serait passé pour islamiste si on n’était pas partis. Enseigner l’islam à ses enfants, c’est prendre le risque d’être accusé de sectarisme, de communautarisme. Pratiquer sa religion en France quand on est musulman, avoir une barbe, aller à la mosquée, c’est prendre le risque d’être fiché S. Ça fait peur.

Bien s’informer, mieux décider

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