Monter en gamme

L’industrie des composants répond aux exigences des constructeurs européens. Elle doit encore changer de dimension pour faire face à la concurrence.

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 3 minutes.

En quelques années, la Tunisie a su mettre en avant une industrie des composants automobiles innovante, performante et attractive pour les investisseurs étrangers. Regroupant les activités des équipements pour moteurs, les organes d’échappement, de transmission, de direction ainsi que des éléments de carrosserie (intérieurs et extérieurs), cette industrie développe de nouveaux créneaux, notamment les composants plastique, et mise sur son savoir-faire et sa crédibilité pour y parvenir. En 2004, le bureau d’études international Ecorys a réalisé une étude de la rentabilité de différents éléments intervenant dans la construction d’une automobile en fonction de leur provenance. Il ressort que les faisceaux de câbles (pour l’allumage et le fonctionnement électrique du véhicule) ont « la plus forte rentabilité en Tunisie. Le pays affiche également une bonne compétitivité en ce qui concerne les composants en caoutchouc, les filtres et les amortisseurs ». Outre le rapport qualité/coût de la main-d’uvre, la proximité géographique avec les constructeurs européens et la fiabilité des circuits d’approvisionnement entrent pour beaucoup dans cette appréciation. Il se déroule désormais moins de quarante-huit heures entre la sortie d’usines de produits dans la région de Tunis et leur mise en wagon au départ du port de Marseille.
L’industrie automobile tunisienne représente aujourd’hui 84 entreprises, qui emploient près de 10 300 personnes, dont les deux tiers travaillent dans des sociétés totalement exportatrices. Les principaux produits destinés à l’export sont les volants, les boîtiers de direction, les ceintures de sécurité et les câbles de freins. 34 % des emplois ont été créés dans le Grand Tunis, suivi par les régions de Zaghouan (25 %), Sousse (22 %) et Nabeul (8 %). Les éléments de carrosserie représentent à eux seuls plus de 50 % des emplois de la branche. Les exportations ont atteint les 400 millions de dinars (230 millions d’euros) en 2006 et devraient dépasser la barre des 600 millions de dinars d’ici à la fin de l’année 2007. Durant les six dernières années, 23 nouvelles entreprises ont été créées, dont 14 sont totalement exportatrices, correspondant à plus de 4 000 nouveaux emplois. Exemple avec Valeo. Le premier équipementier automobile mondial compte accroître sa présence en installant des centres de compétences et des unités de recherche et de développement. Présent depuis mars 2004 en Tunisie à travers trois usines situées à Mateur Sud, Mateur Nord et Ezzahra, le groupe développe sa branche câblage en Tunisie. De son côté, le constructeur automobile japonais Mitsubishi Motors a lancé en juin 2005 l’assemblage de nouveaux véhicules en Tunisie avec le concessionnaire privé Le Moteur et la Société tunisienne d’industrie automobile (Stia). Totalement modernisée, la chaîne d’assemblage de la Stia à Sousse assure à présent le montage des modèles L200 de Mitsubishi pour le compte exclusif de Le Moteur. L’objectif étant de produire plus de 2 000 véhicules par an. Un autre cas vaut le détour. Il s’agit de la Stip (Société tunisienne des industries pneumatiques). Créée en 1980, elle compte dans son capital un partenaire de renom : le fabricant italien de pneumatiques Pirelli. Grâce à une participation à hauteur de 15 %, Pirelli épaule l’essor de la Stip à travers l’appui au développement des procédés de fabrication et la fourniture de machines et d’équipements de haute technologie. Quant à la Stip, elle fait profiter Pirelli de son réseau logistique sur l’ensemble du territoire. Un partenariat qui « permet aux deux associés de développer leurs activités sur le marché nord-africain et au-delà vers l’Afrique subsaharienne et le Proche-Orient », explique Mohamed Besbès, le PDG de la Stip.
Malgré ses atouts, la branche automobile tunisienne cumule aussi des lacunes importantes. Selon une étude de positionnement stratégique menée par l’Agence de promotion de l’industrie (API) sur la période 2000-2005, le secteur est encore caractérisé par une faible productivité, une maîtrise approximative des coûts et un manque de réactivité dans certains segments. Pour rester attractif face à la concurrence des nouveaux pays européens, la stratégie serait de miser sur les technologies du futur avec des spécialisations dans les systèmes d’échappement sophistiqués (catalyse, filtres à particules) ou encore les habitacles et sièges en fibres naturelles recyclables. Si le démarrage de la zone de libre-échange prévue en 2008 devrait apporter plus d’opportunités d’externalisation des activités lourdes de l’industrie des composants automobiles européenne en Tunisie, il marque aussi la nécessité de mettre à niveau l’industrie tunisienne : à peine plus de 30 % des entreprises de la branche sont certifiées. Si tous les intervenants s’accordent à dire qu’il y a un réel potentiel de croissance de l’activité, encore faut-il se donner les moyens de le conquérir.

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