Les damnés de la mer

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

« La honte de l’Europe. » Ce titre qui barre la une du quotidien britannique The Independent résume le sentiment de culpabilité suscité par le dernier drame de l’immigration clandestine, survenu le 26 mai en Méditerranée. Comme souvent dans ce genre de situation, il aura fallu une image choc pour que l’opinion s’indigne. Cette photo, qui a fait le tour du monde, c’est celle de ces 27 émigrants – originaires notamment du Ghana, du Nigeria, du Cameroun et du Soudan – dont le navire a coulé au large des côtes libyennes et qui sont restés, trois jours durant, agrippés à une cage d’élevage de thons. Ces candidats à l’immigration ont finalement pu être sauvés après avoir été ignorés par plusieurs navires pourtant tenus, au regard des lois maritimes, de leur porter secours. « C’était une obligation juridique et morale », soutient-on à la Commission européenne.
Charles Azzopardi, capitaine du navire maltais Le Budafel, a refusé de les ramener à terre. L’officier de marine a toutefois informé les autorités maltaises, qui n’ont pas voulu intervenir et ont transmis le dossier à la Libye, les clandestins ayant fait naufrage dans les eaux territoriales de la Jamahiriya. Les autorités libyennes, qui avaient pourtant promis de récupérer les 27 Africains, n’en ont finalement rien fait. Ceux-ci ne doivent donc leur salut qu’à un coup de chance.
Car l’Orione, le bateau de la marine italienne qui les a repêchés se trouvait là par hasard. Son équipage était à la recherche d’un autre bâtiment transportant 53 migrants érythréens qui a, lui, sombré en Méditerranée emportant avec lui tous ses passagers. Alors que le navire était sur le point de couler, plusieurs des personnes qui se trouvaient à bord ont pu alerter des proches vivant en Europe grâce à leurs téléphones portables. The Independent cite le témoignage d’une Érythréenne qui a reçu un appel de son frère, lequel se trouvait dans le bateau. Elle aurait prévenu les gardes-côtes de l’île de Lampedusa (au sud de la Sicile), qui ont réagi en dépêchant l’Orione sur les lieux du naufrage seulement trois jours après. C’est sur le chemin du retour que le navire est tombé sur les 27 naufragés.
En moins d’une semaine, quatre autres navires ont sombré en Méditerranée, causant la mort d’au moins 120 personnes. L’ONG néerlandaise United a comptabilisé 8 855 émigrants morts en tentant de pénétrer en Europe entre 1993 et 2007. Plus de 60 % sont d’origine africaine ; ils se sont noyés en Méditerranée ou en Atlantique, notamment au large des îles Canaries. United précise qu’elle ne comptabilise que les cas avérés.

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