La boussole et le sextant

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Pour sortir du sous-développement, la Tunisie a choisi dès son indépendance, en 1960, de se doter d’instruments de navigation. Grâce à ce choix rationnel, contesté à l’époque par les libéraux, le bateau tunisien a pu affronter les tempêtes. Il vogue maintenant dans des eaux calmes et espère gagner, dès 2010, les rivages des pays à haut niveau de développement humain.
En choisissant « la boussole et le sextant », puis des outils plus sophistiqués, les autorités tunisiennes d’hier comme celles d’aujourd’hui ont vu juste. On ne peut construire quoi que ce soit de pérenne si on laisse les marins – c’est-à-dire les agents économiques – agir sans orientation ni repères. La Tunisie a su ainsi, sans beaucoup de ressources naturelles, maîtriser son développement, éviter les situations de rente, ne plus dépendre que de la pluie et du beau temps. Sa croissance économique est tirée désormais par la productivité des hommes et des femmes, comme c’est le cas en Asie de l’Est. Au rythme de 5 % par an, cinq fois plus que la croissance démographique, la progression de la valeur ajoutée ne risque plus de faiblir outre mesure. Rien n’est laissé au hasard, rien n’échappe à la vigilance des planificateurs, devenus de véritables agents de prospective guidés par l’intérêt général. Grands et petits projets, tout est conçu pour satisfaire les besoins d’une population de plus en plus exigeante en matière d’éducation, de santé, de confort, de sécurité et de liberté.

Le XIe Plan de développement (2007-2011) s’inscrit dans la ligne de ceux qui l’ont précédé : les trois quarts des investissements prévus seront financés par l’épargne nationale (publique et privée). Plus de 90 % des exportations seront les produits des industries tunisiennes. À la veille du Forum d’investissement de Carthage (21-22 juin), la Tunisie n’a d’yeux que pour ses « atouts » : compétitivité (26e place dans le classement mondial), très bonnes notations du risque souverain, coûts comparatifs favorables, savoir-faire des cadres, stabilité politique et paix sociale à long terme, proximité du grand marché unique européen Mais le pays gagnerait encore davantage s’il prêtait autant d’attention à ses points faibles et faisait son autocritique. Une analyse du tableau « Doing Business » de la Banque mondiale – où la Tunisie se classe à mi-chemin, au 80e rang – permettrait de mieux répondre aux attentes des investisseurs. Aujourd’hui, les plans et repères ne suffisent plus. Ils attirent certes encore, mais, une fois installés, les entrepreneurs se perdent vite dans les dédales de la bureaucratie, de la fiscalité et des procédures judiciaires.

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