Kadhafi lâche du lest
Un verdict clément à Tripoli, des pourparlers à Bruxelles
Publié le 5 juin 2007 Lecture : 1 minute.
A Sofia, on pavoise. Les cinq infirmières bulgares – et le médecin palestinien – détenus en Libye depuis huit ans viennent de gagner un procès contre leurs geôliers. Deux policiers et un médecin qui avaient porté plainte contre eux pour « diffamation » ont en effet été déboutés, dimanche 27 mai, par un tribunal de la banlieue de Tripoli. Condamnés à mort en 2004 – verdict confirmé en 2006 – pour avoir prétendument inoculé le virus du sida à 638 enfants dans un hôpital de Benghazi, les six praticiens ont toujours soutenu que les aveux sur lesquels se fonde la décision de la justice libyenne leur avaient été arrachés sous la torture.
Du coup, Othman al-Bizanti, l’avocat libyen des infirmières et du médecin, a retrouvé le sourire : « Je suis certain, dit-il, que ce verdict entraînera l’annulation de la peine capitale et l’acquittement définitif de mes clients », lors d’un prochain procès en appel dont la date devrait être incessamment fixée (il aurait dû avoir lieu en mai). Reste que l’évolution la plus marquante est diplomatique. Sous les auspices d’un groupe de contact dirigé par Benita Ferrero-Waldner, la commissaire européenne chargée des relations extérieures, des négociations secrètes ont eu lieu, le 10 mai à Bruxelles, entre des représentants des familles libyennes et de l’Union européenne. Leurs résultats sont jugés, de part et d’autre, « très encourageants ». C’est la Libye qui a, semble-t-il, débloqué la situation en renonçant à deux de ses exigences : la libération d’Abdel Basset al-Meghrahi, l’un de ses agents emprisonné en Écosse pour son implication dans l’attentat de Lockerbie (1988), et le versement à chaque famille de victime d’une compensation de 10 millions d’euros. « Désormais, affirme une source libyenne, il est davantage question d’une prise en charge à long terme des soins des enfants malades. » Les Européens n’y seraient a priori pas hostiles.
