Guerre des Six Jours : une victoire à la Pyrrhus

En juin 1967, Israël infligeait une cuisante défaite aux armées arabes. Mais, déplore l’hebdomadaire britannique The Economist, rien n’a été réglé pour autant.

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 3 minutes.

Quarante ans après, la guerre des Six Jours de juin 1967 apparaît comme une victoire à la Pyrrhus. Une grande partie de l’énergie qui aurait été nécessaire pour faire la paix a été gaspillée. Et le gaspillage remonte à fort longtemps. De quel droit, en 1917, les Britanniques ont-ils promis aux Juifs une patrie en Palestine ? Pourquoi les Palestiniens ont-ils refusé la partition en 1947 ? Pourquoi les Israéliens ont-ils colonisé les Territoires après 1967 ? Pourquoi les Américains les ont-ils laissés faire ? Pourquoi les pays arabes ont-ils laissé les réfugiés croupir dans des camps ?

Questions sans réponse, d’où la polémique : les Palestiniens sont des terroristes, le sionisme est du racisme, les ennemis d’Israël sont des antisémites. Yasser Arafat aurait dû accepter « l’offre généreuse » qui lui était faite à Camp David en 2000. Mais l’offre d’Israël était-elle vraiment si généreuse ?
Ainsi va la polémique, de plus en plus violente à chaque rebondissement et qui s’étend bien au-delà du Moyen-Orient. Ce qui a commencé comme une lutte nationale pour un territoire entre deux peuples s’est progressivement transformé en une guerre de religions qui empoisonne les relations entre l’islam et l’ensemble de l’Occident. Il est scandaleux que l’occupation ait perduré depuis 1967. Ce conflit aurait dû être réglé depuis longtemps, et le fait qu’il se perpétue est une honte pour tous ceux qui y sont impliqués, depuis les principaux intéressés, qui ne se départent pas de leur intransigeance, jusqu’aux grandes puissances, qui n’y ont pas consacré l’attention nécessaire, en passant par les puissances régionales, qui ont exploité la cause palestinienne pour servir leurs propres intérêts. Il faut y mettre fin – mais comment ?
La réponse est évidente depuis au moins 1937, date à laquelle une commission d’enquête royale présidée par lord Peel a souligné qu’un « conflit insurmontable » avait surgi entre les Arabes et les Juifs de Palestine et que le pays devra être partagé. Plus récemment, les modalités de cette division sont elles aussi devenues évidentes. Malgré les colonies israéliennes, la démographie et la justice plaident en faveur d’une frontière fondée sur le tracé d’avant 1967, avec des rectifications mineures du type de celles que Bill Clinton proposait en 2000.
Comme l’a montré l’échec de Clinton à Camp David, il sera difficile de faire agréer cet accord. La solution Clinton supposait qu’Israël renonce à la plus grande partie de ses colonies de Cisjordanie, qu’il déplace beaucoup plus de colons qu’il ne l’a fait à Gaza et qu’il partage la souveraineté sur Jérusalem. Les Palestiniens, eux, devaient accepter que la plupart des réfugiés ne « retournent » pas chez eux dans les maisons qu’ils occupaient il y a soixante ans à l’intérieur d’Israël, mais qu’ils s’installent dans un nouvel État en Cisjordanie et à Gaza. De tels compromis font mal. Mais pour les deux parties, demander davantage serait basculer du difficile à l’impossible.

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Pour l’heure, les uns et les autres continuent d’offrir trop peu et de demander trop. L’État hébreu a quand même renoncé au rêve du Grand Israël qu’avait fait naître la grande victoire de 1967. L’illusion que les Palestiniens seraient réduits au silence a été balayée par les deux Intifada et les roquettes que le Hamas tire de Gaza. Le gouvernement actuel d’Israël déclare qu’il accepte la solution des deux États. Mais c’est un gouvernement faible et il n’a pas eu le courage d’indiquer clairement le prix territorial que les Israéliens devront payer. Pendant ce temps, les Palestiniens ont fait machine arrière. Si le Hamas pense ce qu’il dit, il continue de rejeter l’idée que les Juifs ont droit à une existence nationale au Moyen-Orient.
Tout cela est pure folie. Pour que la paix soit possible, Israël doit renoncer à la Cisjordanie et partager Jérusalem ; les Palestiniens doivent renoncer au rêve du retour et garantir la sécurité d’Israël en tant qu’État juif. Tout le reste est littérature.

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