Et Shaha dans tout ça ?

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 3 minutes.

Il est décidément grand temps que Paul Wolfowitz s’en aille (ce sera fait le 30 juin), tant le rejet dont il fait l’objet au sein de la Banque mondiale est simplement incroyable. On raconte qu’en le croisant dans les couloirs, des employés n’hésitent plus à lui manifester leur hostilité. Dans cette pénible affaire de népotisme, il a tout perdu : son job de président, le respect de la plupart de ses collaborateurs et même la bénéficiaire de ses faveurs indues : Shaha Riza, sa compagne. Des proches de celle-ci se lamentent : « Ils n’ont même pas réussi à sauver leur couple ! » En revanche, ses voisins doivent se réjouir : depuis quelques semaines, ils ne sont plus importunés par les bruyantes visites nocturnes de Wolfowitz et de son escouade de gardes du corps. Leurs amis communs prennent bien soin de ne plus les inviter ensemble.
Une collègue de Shaha Riza à la Fondation pour l’avenir a son idée sur la raison de la rupture : « Il [Wolfowitz] ne l’a pas défendue contre les attaques dont elle a été l’objet. » En mars 2006, l’intéressé jurait pourtant que « s’ils tentent de me casser, moi ou Shaha, j’en sais assez sur eux pour les casser aussi ! » La menace visait plus particulièrement l’Espagnol Xavier Coll, vice-président de la Banque chargé des ressources humaines, qu’il soupçonnait d’être à l’origine des fuites concernant les avantages indus offerts à ladite Shaha. Aujourd’hui, Wolfowitz fait profil bas en attendant d’empocher ses confortables indemnités de départ (375 000 dollars) et se félicite que le conseil d’administration de la Banque ait reconnu sa « bonne foi ». On se console comme on peut
Et Shaha Riza, comment réagit-elle ? Après un moment d’abattement, elle a apparemment repris du poil de la bête. « Bien sûr, elle a été très affectée par tout ce qui a été écrit sur elle, confie l’une de ses amies. Mais elle est bien décidée à se battre, pour elle et pour son fils. C’est une femme en colère attachée à sauver ce qui peut encore l’être de sa réputation. Contrairement à ce que cette lamentable affaire a pu laisser croire, elle n’est ni une femme d’argent ni une manipulatrice qui use de ses charmes pour parvenir à ses fins. »
Fille de Khalid Alwalid Algargny, un riche homme d’affaires libyen très influent en Arabie saoudite, Shaha n’a aucun besoin d’argent. Sa seule préoccupation, c’est sa carrière. Or cette féministe convaincue estime avoir été victime de discriminations de la part de ses collègues de la Banque mondiale. Parce qu’elle est « femme, arabe et musulmane ».
Détachée auprès du département d’État américain, depuis le 1er septembre 2005, pour prévenir tout éventuel conflit d’intérêts avec son compagnon – avec le succès que l’on sait ! -, elle devrait réintégrer ses fonctions au sein de la Banque dans le courant du mois de juillet. Mais ses ennuis ne sont pas finis pour autant. Elle va à présent devoir s’expliquer sur un contrat de consulting qu’elle a conclu en 2003 avec un sous-traitant du Pentagone. À la demande de Wolfowitz et sans en référer à ses supérieurs. Ces derniers y voient « une grave violation de son engagement vis-à-vis de la Banque ». En clair, c’est un motif de licenciement. Ceux de ses collègues qui ne l’aiment pas – et ils sont légion – s’en réjouissent à l’avance. « Nous l’attendons de pied ferme », confie l’une d’elles, particulièrement remontée.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires