Carrefour numérique

Centres spécialisés, cyberparcs, efforts de formation et choix techniques portent déjà leurs fruits dans l’électronique et l’informatique.

Publié le 5 juin 2007 Lecture : 4 minutes.

Est-ce l’arrivée de plus en plus soutenue de grands groupes internationaux en Tunisie, attirés par les mérites des ressources humaines et de quelques-unes de ses 345 sociétés de service et d’ingénierie informatique (SSII) ? Est-ce l’ampleur des investissements prévus dans le secteur par le XIe Plan de développement (2007-2011) ? Toujours est-il que le pays se persuade qu’il est en passe de devenir un acteur significatif dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC). « On assiste à une explosion de l’activité, explique Slim Ben Ayed, directeur commercial d’une entreprise tunisienne spécialisée dans l’intégration de solutions informatiques. Elle est due à un rapport qualité/coût cinq fois inférieur à celui de l’Europe, l’aspect qualitatif étant soutenu par nos 8 000 diplômés par an dans les spécialités informatiques, où plus de 35 000 étudiants étaient inscrits en 2006. » Lors d’un séminaire qui s’est tenu à la mi-mai 2007 au pôle El Gazala des technologies de la communication, un ingénieur français constatait : « Au début, cela nous paraissait chimérique de songer à confectionner des pièces technologiquement pointues en Tunisie. Nous constatons aujourd’hui que cela est possible grâce aux progrès réalisés. »
L’encouragement à l’investissement étranger, la proximité géographique et culturelle avec l’Europe, la convivialité avec l’Afrique, mais aussi l’adoption de grands standards technologiques tels que Java, Linux, Cisco, Microsoft et Oracle, ont fait partie des éléments du choix de plusieurs grands groupes internationaux de s’implanter en Tunisie. Créé en 2001 dans la périphérie nord de Tunis, le centre El Gazala (La Gazelle) est devenu, en moins de six ans, la vitrine de la Tunisie à l’international dans le domaine des TIC. Au bout de la première année, 25 unités y étaient déjà hébergées. En 2007, on en compte une cinquantaine représentant 1 246 emplois, dont 868 ingénieurs. Aux côtés de centres techniques et d’institutions d’enseignement en matière de télécommunications qui dépendent de l’État, on y relève la présence de grands groupes de télécommunications comme le franco-américain Alcatel-Lucent, le suédois Ericsson et le chinois Huawei, qui y développent notamment des logiciels. Alcatel-Lucent développe notamment des modules logiciels pour les autocommutateurs et dispose, depuis 2005, d’un centre de support et d’assistance à la clientèle de ses équipements de téléphonie mobile Alcatel. Cette plateforme emploie une vingtaine d’ingénieurs tunisiens qui couvrent 22 pays d’Afrique francophone. Pour sa part, le fabricant de microprocesseurs ST-Microelectronics dispose d’un centre de recherche et développement appliqué sur les composants électroniques. « Nous employons 275 personnes dont 260 ingénieurs tunisiens », déclare Hichem Ben Hamida, responsable de l’unité ST-Microelectronics en Tunisie. Omniacom, qui fut parmi les premiers à s’implanter à El Gazala, a fini par s’imposer en tant que spécialiste tunisien de la téléphonie rurale aujourd’hui bien connu en Afrique et au Moyen-Orient.
Dans les immeubles flambant neufs du nouveau quartier d’affaires situé sur les Berges du Lac nord de Tunis, se sont installés de grands noms comme Microsoft, le numéro un mondial de l’édition de logiciels, ou encore le groupe tunisien BFI, concepteur et premier exportateur de solutions informatiques pour les systèmes bancaires et financiers (voir J.A. n° 2419). HR Access Solutions, leader européen des progiciels de gestion des ressources humaines, y a également installé son centre de services pour le Moyen-Orient et l’Afrique, tout comme TMI (Tunisie Micro Informatique), spécialiste de la conception, réalisation et maintenance de plates-formes techniques pour les systèmes d’informations des entreprises, qui opère dans plusieurs pays africains francophones. El Gazala et Les Berges du Lac nord ne sont pas les seuls quartiers où se concentrent les savoir-faire et les bureaux. Sagem Communication (Groupe Safran) a choisi la zone industrielle de Ben Arous, au sud de Tunis, pour implanter une deuxième unité offshore spécialisée dans l’électronique et les équipements de télécommunications (lire entretien page suivante).
D’autres entreprises spécialisées dans les TIC, de dimensions plus ou moins importantes, sont implantées dans d’autres secteurs de la capitale, comme à Tunis-Belvédère, le plus ancien quartier de la ville. Non loin, à Tunis-Montplaisir, on retrouve Itic, une SSII fondée par Sassi Jerjir, un vétéran des TIC en Tunisie, qui s’est spécialisée dans les systèmes d’informations spécifiques. Itic a développé des systèmes pour plusieurs administrations tunisiennes dont le ministère du Commerce, le ministère de l’Agriculture, l’Office du tourisme, et l’Office de l’assainissement. Jerjir a formé un groupement d’intérêt économique avec Abderrazak Lejri, autre connaisseur du domaine, pour développer un progiciel intégré pour la gestion des hôpitaux et des caisses sociales. Il est notamment installé dans quatre hôpitaux publics au Gabon. Toujours à Montplaisir, Get’IT, un autre groupement d’intérêt économique, rassemble quant à lui dix SSII tunisiennes (Discovery, Netcom, Tunis Call Center, NetConcept, ProDec, MediaNet, Hotix, Cynapsys, Oxia et Access to Business) pour former un pôle de compétences capable de se positionner sur le marché international des délocalisations.
Partout dans le pays, et à la faveur de la modernisation du réseau de télécommunications permettant l’accès à l’Internet, des « îlots » TIC voient le jour. Hors Tunis, de jeunes sociétés (start-up) ont choisi le cadre des stations balnéaires de Hammamet et de l’île de Djerba pour mieux profiter du cadre de vie. D’autres ont vu le jour à la porte du désert au Cyber Parc de Gafsa. C’est même là que l’entreprise créée par une femme, Sihem Radhouani, est aujourd’hui le seul exemple connu d’une délocalisation en Tunisie d’un travail de sous-traitance informatique qui auparavant se faisait en Inde.

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