Pétrole : nouvelle opération controversée pour l’Israélien Dan Gertler en RD Congo
L’ONG Global Witness indique que la RD Congo a conclu en 2012 un accord de rachat des droits pétroliers d’une société offshore secrète, Nessergy, pour un montant probablement plus de 300 fois supérieur aux 500 000 dollars payés pour leur acquisition en 2006. Cette opération controversée impliquerait le sulfureux Dan Gertler.
Mise à jour du 23 janvier 2014 à 20h50CET : dans un communiqué adressé à Jeune Afrique par Fleurette, le groupe contrôlé par Dan Gertler confirme que Nessergy est une de ses entités, que la prime payée en 2006 s’est bien élevée à 500 000 dollars. Fleurette confirme par ailleurs la cession des droits de Nessergy aux sociétés d’Etat congolaise (Cohydro) et angolaise (Sonangol), tout en refusant d’indiquer le montant versé. Nessergy insiste par ailleurs sur la légalité de l’opération.
Nouvelle opération controversée pour l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Dans un rapport publié le jeudi 23 janvier, l’ONG britannique Global Witness indique que la RD Congo a conclu en 2012 un accord de rachat des droits pétroliers d’une société offshore, Nessergy, pour un montant probablement des centaines de fois supérieur au prix de 500 000 dollars, payé pour leur acquisition en 2006.
380 fois le prix d’acquisition
Bien que le contrat de 2012 ne soit pas public – ce qui est contraire aux lois congolaises sur la transparence – Global Witness estime que le prix de rachat a été supérieur à 194 millions de dollars, soit 380 fois le montant déboursé pour leur acquisition en 2006.
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Elle se base pour cela sur un contrat datant de 2008 signé entre des représentants de Nessergy et de H Oil, société établie par Jacques Hachuel – l’un des fondateurs du géant Glencore – qui comptait racheter les droits pétroliers pour ce montant.
Même si cet accord n’a finalement pas abouti en raison de tensions entre la RD Congo et l’Angola en 2008, ce prix – convenu alors que le cours du pétrole équivalait à la moitié du cours actuel – donne selon l’ONG une bonne indication de la valeur minimale de la vente.
Immatriculée à Gibraltar
Immatriculé à Gibraltar, Nessergy est détenu à 75 % par des sociétés immatriculées dans les îles Vierges britanniques, toutes liées à Dan Gertler, homme d’affaires controversé proche du président Joseph Kabila, propriétaire d’importants intérêts miniers et pétroliers dans le pays.
La liste complète des actionnaires est tenue secrète, l’identité des personnes qui ont effectivement bénéficié de cet accord reste inconnue. Pour autant, selon le porte-parole de Dan Gertler, cité par Global Witness, « aucun politicien, fonctionnaire ou autorité congolais n’a de droits, d’intérêts quels qu’ils soient dans Nessergy. »
Dans un communiqué adressé par des représentants de Fleurette à Jeune Afrique, le groupe de Dan Gertler confirme la prime de 500 000 dollars versée mais refuse d’indiquer le montant exact des « frais de compensation » perçus quelques années plus tard.
En vertu de l’accord avec Nessergy signé en 2012, les compagnies pétrolières d’État congolaise et angolaise ont acheté la société et, avec elle, les droits qu’elle détient dans des eaux riches en pétrole que se partagent les deux pays. Cela a ouvert la voie à la création d’une zone pétrolière détenue à parts égales par chaque pays, dans laquelle les grandes compagnies mondiales pourraient se voir attribuer des droits. La Sonangol, compagnie d’État angolaise, a convenu de payer les droits de Nessergy dans un premier temps. Cependant, la RD Congo finira par rembourser la Sonangol à partir des recettes dégagées de la future production du bloc.
Dans le même communiqué adressé par Fleurette à J.A., Fleurette insiste sur le caractère légal de l’opération : « Le contrat signé par les ministères congolais des Finances et des Hydrocarbures en octobre 2006 a reçu l’ approbation du président, qui est le seul acte qui rend le contrat efficace, en mars 2008 ». Fleurette insiste par ailleurs sur le fait que « Nessergy a joué un rôle clé dans la génération d’une valeur potentielle considérable pour le peuple de la RD Congo », sans donner de détails exacts sur ce rôle.
L’African progress Panel de Kofi Annan estime que cinq accords impliquant Dan Gertler entre 2010 et 2012 auraient coûté à l’État congolais au moins 1,36 milliards de dollars.
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