Une Clinton à la Maison Blanche ?

L’ex-First Lady n’a aujourd’hui pas de rivaux à sa mesure au sein du Parti démocrate. Du coup, certains la voient déjà succéder à Bush en 2008.

Publié le 4 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Hillary Rodham Clinton sera- t-elle le prochain président – et la première présidente – des États-Unis ? Après l’alternance dynastique du père au fils chez les Bush, il serait amusant d’assister au passage du témoin du mari à la femme et de voir les Clinton retourner à la Maison Blanche, dont ils faillirent être chassés par le Monicagate – le scandale Monica Lewinsky. Bien sûr, beaucoup d’eau coulera sous les ponts d’ici à la prochaine présidentielle, en 2008, mais la plupart des commentateurs américains reconnaissent qu’en ce printemps 2005, la seule personnalité qui s’impose en tant que candidat démocrate virtuel est l’ex-First Lady, aujourd’hui sénatrice de New York. Elle aura 58 ans le 26 octobre prochain.
Hillary présidente, chacun sait qu’elle y pense – et qu’on y pense avec elle – depuis toujours. Mais le fait nouveau est qu’elle n’a pas aujourd’hui d’adversaire à sa mesure. Le sénateur John Kerry ne s’est pas remis de sa défaite, et les autres candidats possibles sont des quasi-inconnus. « Aucun d’entre eux n’est capable de la battre lors des primaires, estime l’ancien sénateur démocrate Bob Kerrey. Hillary est une rock star ! »
En quatre ans, celle-ci est parvenue, dans son État de New York, à conserver 69 % d’opinions favorables, tout en se taillant une réputation d’envergure nationale. Elle a méthodiquement retravaillé son image. Comme l’écrit dans le Financial Times le journaliste américain Christophe Caldwell : « Elle s’est réinventée centriste, et même conservatrice. » Pour lui, « l’ère Hillary Clinton au Parti démocrate a peut-être déjà commencé ».
Dans ce pays où 70 % de la population est convaincue que « les présidents doivent avoir de fortes croyances religieuses », Hillary Clinton a rappelé ce qui est vrai – qu’elle a toujours été une pratiquante assidue. Et la militante féministe qu’elle a aussi été a su trouver une position conciliatrice sur l’un des sujets qui divisent l’Amérique : l’avortement. Le 24 janvier dernier, dans un discours prononcé quatre jours à peine après l’investiture de George W. Bush, elle a, tout en soulignant qu’elle demeurait fidèle à sa position – c’est-à-dire favorable au droit des femmes à choisir librement d’avorter ou non -, insisté pour que les mouvements pro-choice et anti-abortion essaient de trouver un terrain d’entente. Le lendemain, le New York Times en faisait sa une.
Avant d’entrer à Yale, alors qu’elle n’était qu’une étudiante du Wellesley College, Hillary déclarait : « Le défi est aujourd’hui de transformer la politique en l’art de rendre possible ce qui semble impossible. » Aujourd’hui, elle est favorable à la peine de mort, elle a voté pour la guerre en Irak et a approuvé les 87 milliards de dollars nécessaires pour soutenir les troupes sur le terrain.
Il ne fait pas de doute que Hillary Clinton a largement la capacité de réunir les fonds nécessaires à son éventuelle campagne électorale. Mais saurait-elle parler aux ménagères, aux fermiers et aux petits patrons ? Dans le New York Times, Nicolas Kristof en doute. « J’imagine difficilement qu’elle réussisse à convaincre les gens de Yamhill, mon village natal dans l’Oregon, qui est pour moi la voix de l’Amérique profonde, écrit-il. Là-bas, les femmes ambitieuses et dominatrices, surtout si elles sont des féministes aux idées avancées, sont plutôt un repoussoir. Qu’elle soit sénateur de New York n’arrangera rien. »
La réponse est venue d’un partisan inattendu de Hillary, puisqu’il s’agit du sénateur républicain Lindsey Graham (Caroline du Sud), qui a mené la procédure d’impeachment contre Bill Clinton, lors du Monicagate. « Certaines personnes travailleront matin, midi et soir pour la battre, dit-il. D’autres vendront leur premier enfant pour qu’elle gagne. Mais je pense qu’entre les deux, nombreux sont ceux qui s’assiéront pour l’écouter. Je pense qu’elle peut gagner tous les États où Kerry l’a emporté. Et qu’elle fera un meilleur score dans les États indécis. » Et il ajoute : « J’ai travaillé avec elle. Elle est intelligente, elle a de la classe, elle est à l’aise avec ce qu’elle est et avec ce qu’elle croit. »
Sans compter qu’elle bénéficierait des conseils du meilleur stratège électoral du monde, un certain Bill Clinton… Celui-ci, qui ne peut pas se représenter, a déjà fait savoir qu’il était tout disposé à accepter le rôle de First Husband.

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