Tunisie : tollé après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature par Kaïs Saïed

Le président tunisien, qui s’est arrogé depuis juillet les pleins pouvoirs, a dissous l’institution indépendante chargée de nommer les juges, l’accusant d’être partiale, corrompue et au service d’Ennahdha. Une décision qui inquiète la classe politique et une grande partie des magistrats.

Manifestation commémorant l’assassinat en 2013 du leader de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2022, à Tunis. © Nicolas Fauqué

Publié le 7 février 2022 Lecture : 4 minutes.

Tous les 6 février, les Tunisiens commémorent l’assassinat, à ce jour non élucidé, du leader de gauche Chokri Belaïd, en 2013. Et réclament que la justice identifie enfin les commanditaires de ce que l’opinion publique assimile désormais à un crime d’État en raison de l’omerta qui l’entoure et des entraves du parquet dans la bonne conduite de ce dossier, ainsi que de celui du député Mohamed Brahmi, assassiné en juillet 2013.

Cette année, le président Kaïs Saïed a décidé d’aller un peu plus loin et a pris comme prétexte la date du 6 février pour annoncer, en pleine nuit, depuis le ministère de l’Intérieur – une symbolique forte –, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), l’institution constitutionnelle indépendante qui désigne les juges.

Au passage, le président a désavoué son ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, qui avait interdit tout rassemblement depuis le 13 janvier pour cause de Covid-19, en approuvant les manifestants rassemblés le même jour devant le siège du CSM pour réclamer sa dissolution, le pic de pandémie étant selon lui passé.

Guerre ouverte

Depuis plusieurs semaines, Kaïs Saïed était en guerre ouverte avec la magistrature, qu’il considère comme une fonction et non un pouvoir, multipliant les attaques contre le CSM, qu’il juge corrompu et à la solde d’Ennahdha, l’ex-parti au pouvoir.

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