Gabon, Cameroun, Tchad : quels secteurs ont la « pêche » en 2022 ?
Grâce aux bonnes performances dans l’agriculture et l’industrie minière, le secteur primaire devrait connaître une dynamique favorable, alors qu’une baisse importante de la demande va affecter le secondaire. Un net regain d’activité est attendu dans le secteur tertiaire.
D’après les résultats de l’enquête de conjoncture réalisée par les services de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), les résultats de l’activité économique des pays de la CEMAC sont globalement satisfaisants, avec une croissance anticipée à 3,7 % en 2022. Toutefois, les interrogations liées à l’évolution de la pandémie favorisent un climat d’incertitude.
Dans son analyse rendue publique début février, la BEAC estime que les bonnes conditions climatiques et sécuritaires devraient favoriser l’agriculture et la pêche. Face à une hausse attendue de la demande, la production de coton « sera supérieure à celle de l’année dernière ». Une tendance particulièrement visible au Tchad, fruit de la politique mise en place par le groupe Olam International visant à booster la productivité de ses usines.
Les résultats de la pêche et de l’aquaculture apparaissent très prometteurs
Au Tchad toujours, mais aussi au Cameroun, les cultures d’exportation s’inscriraient à la hausse. Une amélioration qui trouve son origine dans le retour de l’activité au sein de zones qui avaient été abandonnées pour cause d’insécurité. La production de bananes camerounaises est, par exemple, en augmentation grâce à la réouverture de plantations appartenant à la Cameroon Development Corporation (CDC, entreprise agro-industrielle de la région du Sud-Ouest). Alors que l’élevage, la sylviculture et l’exploitation forestière devraient rester stables au premier semestre de 2022, les résultats de la pêche et de l’aquaculture apparaissent très prometteurs. Après une période de repos biologique, la production halieutique est en effet d’ores et déjà redynamisée par la reprise de la pêche et la hausse générale de la demande.
Les bonnes perspectives des activités extractives
Avec le maintien des cours bruts du baril (oscillant autour de 75 dollars), l’entrée en production de nouveaux puits et l’amélioration de la productivité des champs vieillissants, une évolution favorable est attendue dans le secteur extractif au Gabon.
La demande mondiale de minerais et la mise en service de nouveaux sites de production vont stimuler l’activité minière globale
Selon la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), alors que la production pétrolière connaît un repli d’environ 10 000 barils par jour en raison du conflit persistant qui oppose le Consortium ESSO et les travailleurs du bassin de Doba, les exportations de pétrole se stabiliseront au deuxième semestre de 2022. En raison de la maturité de certains champs, les prévisions s’annoncent stables au Congo et en Guinée équatoriale. À noter que la société Trident Energy, présente en Guinée équatoriale, œuvre pour inverser la tendance baissière des puits vieillissants.
Dans le domaine minier, à la faveur des promesses de collaboration engagées à la suite du Forum économique entre la Centrafrique (RCA) et les Émirats Arabes Unis de décembre 2021, l’extraction de diamants devrait connaître une hausse considérable en RCA. La demande mondiale de minerais (très forte pour l’acier et les alliages de manganèse) et la mise en service de nouveaux sites de production à la fin de 2021 auront pour conséquence, selon la BEAC, de stimuler l’activité minière dans sa globalité. Une croissance de la demande qui favoriserait l’entrée en production de nouveaux gisements au Gabon, à l’instar de celui de Belinga (dans le nord-est du pays).
De son côté, la Guinée équatoriale continue de surfer sur la vague de l’or, notamment après le lancement, en novembre dernier, des premiers essais de production d’or alluvionnaire au niveau industriel dans la zone minière de Binguenguen-Niefang, exploitée par la société Shefa Gold.
Le transport aérien, moteur de la reprise
Avec des investissements de plus en plus importants en vue de satisfaire l’accroissement de la demande des industries en la matière, le transport ferroviaire au Congo et au Gabon a de beaux jours devant lui, selon la BEAC. A Brazzaville, le maintien d’une politique commerciale attractive a favorisé cette évolution. À Libreville, le bon rendement des opérateurs miniers a alimenté cette croissance. Le projet de voie ferrée entre les gares d’Owendo et de Booué, qui sera négocié entre l’État et un opérateur privé, permettra « d’accroitre le trafic et de désengorger l’unique voie de circulation ».
Alors que les transports routier et fluvial ne connaîtront pas d’avancées spectaculaires, le transport aérien est, lui, porteur d’espoir. Malgré la situation sanitaire toujours très instable, les experts du secteur sondés par la BEAC croient en une reprise vive. Une tendance nettement visible au Congo-Brazzaville – avec le retour des vols Turkish Airlines et CEIBA Intercontinental, ainsi que le lancement de la desserte des vols Sky Mali et Transair Sénégal –, mais aussi au Gabon avec une augmentation des fréquences de vols. La création de nouvelles dessertes par la compagnie Afrijet basée à Libreville laisse également entrevoir des perspectives très encourageantes pour l’année 2022.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- Mines d’or au Mali : la junte place le CEO de l’australien Resolute en détention
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Chez Tunisair, la purge des dirigeants se poursuit et les pertes s’accumulent
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte si cher ?