Mahamadou Issoufou

Président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et chef de file de l’opposition.

Publié le 4 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/l’Intelligent : Quelle est votre réaction après l’arrestation de cinq des principaux dirigeants de la Coalition contre la vie chère ?
Mahamadou Issoufou : Nous dénonçons ces arrestations et demandons la libération de ces leaders. Le gouvernement doit cesser d’avoir des réflexes autocratiques et revenir à une pratique démocratique. Sinon on va droit dans le mur. La stabilité du pays est précaire. La population a le sentiment d’avoir été flouée par cette TVA à 19 % qui intervient peu de temps après les élections présidentielle et législatives de novembre-décembre 2004. Les revendications de la Coalition sont légitimes.
J.A.I. : C’est un encouragement au mouvement de protestation ?
M.I. : La question ne se pose pas en ces termes. Jusqu’à présent, nous sommes restés en dehors du mouvement qui émane de la société civile. Nous n’avons pas lancé d’appels à participer aux différentes manifestations et aux journées « Ville morte », mais nous ne pouvons pas non plus nous couper du peuple. Si le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires, nous passerons à la vitesse supérieure.
J.A.I. : Que demandez-vous au gouvernement ?
M.I. : En janvier, nous avions voté contre cette loi de finances rectificative 2005. Nous n’avons pas changé d’avis. Il faut abroger cette loi antiéconomique qui a entraîné une flambée des prix et un ralentissement de la consommation. Par ailleurs, comme on pouvait s’y attendre, cette TVA a eu des répercussions sur l’ensemble des produits. C’est donc une loi antisociale, car elle accentue la précarité au moment même où le pays traverse une crise alimentaire du fait de la sécheresse et de l’invasion des criquets.
J.A.I. : Y a-t-il une alternative ?
M.I. : Oui, et nous avons déposé à l’Assemblée nationale, le 25 mars, une proposition de résolution dans laquelle nous présentons des mesures alternatives. Il faut tout d’abord réduire les dépenses publiques et, en premier lieu, les fonds politiques dont profite le pouvoir. Le Premier ministre dispose par exemple de 1,6 milliard de F CFA par an. Au Burkina, c’est 84 millions de F CFA. On peut aussi améliorer l’impôt foncier, car, c’est vrai, à cause de la pauvreté, il y a peu de marge de manoeuvre sur l’impôt sur le revenu. Autres mesures : il faut fiscaliser le secteur informel et lutter contre la corruption. L’ONG Transparency International a classé le Niger parmi les huit pays les plus corrompus du continent, et le pouvoir multiplie les contrats de gré à gré avec des entreprises à la gestion douteuse. On peut parler d’une gabegie.
J.A.I. : Et si vos propositions ne sont pas prises en compte ?
M.I. : Il y aurait de quoi être inquiet. Il faut que le gouvernement ouvre des négociations. En tant qu’opposition, nous sommes prêts à discuter pour sortir de la crise. Nous plaidons pour l’apaisement et le dialogue. Il faut calmer le jeu, car la situation est explosive.

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