La fortune cachée de la « noblesse rouge » chinoise

Les révélations parues dans une trentaine de journaux depuis le 22 janvier démontrent que 22 000 « princes rouges », domiciliés en Chine ou à Hongkong, possèdent un compte dans un paradis fiscal. 120 milliards de dollars seraient ainsi sortis de Chine depuis le milieu des années 1980.

Parmi les 22 000 "princes rouges" possèdant un compte dans un paradis fiscal, beaucoup de proches du parti au pouvoir. © AFP

Parmi les 22 000 "princes rouges" possèdant un compte dans un paradis fiscal, beaucoup de proches du parti au pouvoir. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 23 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Le Consortium de journalisme d’investigation (ICIJ), qui avait révélé en avril 2013 les secrets des « paradis fiscaux », a complété grâce à une cinquantaine de reporters (notamment du New York Times, de Bloomberg et du Monde) son enquête sur le monde très secret de « la noblesse rouge » chinoise, à partir d’une fuite de 2,5 millions de documents provenant de deux fournisseurs de services offshore. 

Les révélations parues dans une trentaine de journaux à partir du 22 janvier démontrent que 22 000 « princes rouges » domiciliés en Chine ou à Hongkong possèdent un compte dans un paradis fiscal. 120 milliards de dollars seraient ainsi sortis de Chine depuis le milieu des années 1980.

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On trouve dans cette liste des « tigres » qui gravitent près du sommet de l’Etat, quinze des plus grosses fortunes de l’Empire du Milieu, des membres de l’Assemblée nationale populaire et des généraux. Mais y figurent aussi des « mouches » moins bien dotées, comme les cadres d’entreprises publiques.

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Du pétrole aux énergies renouvelables, pas un secteur n’échappe à cette cupidité. Les grands établissements financiers occidentaux comme PriceWaterhouseCoopers ou UBS ont aidé ce beau monde à nicher leur fortune à l’abri du fisc dans des places exotiques et confidentielles comme les Iles Vierges britanniques ou les Iles Samoa.

Parmi les gros poissons cités par les journalistes de l’ICIJ, figure au premier rang Deng Jiagui, le beau-frère du président chinois Xi Jinping, qui possède la moitié d’une société immatriculée dans les Iles Vierges. Les activités de M. Deng dans la promotion immobilière et les « terres rares » en ont fait un multimillionnaire.

C’est aussi dans ces îles que Wen Yunsong et Wen Ruchun, respectivement fils et fille de l’ancien premier ministre Wen Jiabao, ont abrité leurs fortunes et leurs activités peu claires.

Anti-corruption et répression

Face à l’arrogance et à l’impunité de cette élite qui exaspère l’opinion chinoise, le pouvoir a choisi deux ripostes. La première initiée par le président Xi dès sa prise de fonction est une campagne anti-corruption dont les autorités chinoises affirment qu’elle a permis de punir, en 2013, 182 000 membres du parti communiste (PCC). Cette vigilance aurait permis, selon le Wall Street Journal de récupérer dans sept provinces, au deuxième semestre, 560 millions de dollars détournés par des fonctionnaires mal payés, mais menant un train de vie fastueux.

La seconde est la répression à l’encontre des militants anti-corruption comme Xu Zhiyong, dont le procès s’est ouvert mercredi 22 janvier pour avoir demandé la publication du patrimoine détenu par les dirigeants de son pays. A la suite des révélations de l’ICIJ, les sites internet du New York Times, de Bloomberg et du Monde, ont été bloqués en Chine.

Rappelons qu’un secrétaire général du PCC, Zhao Ziyang, avait tenté en mai 1989 d’imposer une publication du patrimoine aux dirigeants les plus hauts placés. Démis de ses fonctions après la répression de Tienanmen, il est mort en résidence surveillée. Dans ses Mémoires posthumes parues en 2009, il réaffirmait que seule l’évolution de la Chine vers un système de démocratie parlementaire, supposant la liberté de la presse et l’indépendance de la justice, éviterait à son pays de succomber à la « commercialisation du pouvoir » provoquée par le curieux mariage d’une économie de marché et d’un parti unique.

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