Ce que Wolfowitz devrait savoir

Publié le 4 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Paul Wolfowitz devrait lire The End of Poverty (« La fin de la pauvreté »), le remarquable livre de Jeffrey Sachs. Sachs est un économiste distingué qui a passé les trente dernières années à travailler aux quatre coins de la planète avec différents gouvernements. Il démontre que les clichés qui courent les rues sur la mauvaise gestion de l’aide au développement ou la paresse des Africains ne tiennent pas debout. Une grande partie de l’aide étrangère a été fort bien dépensée et a donné des résultats spectaculaires.
En 1967, entre 10 millions et 15 millions de personnes de par le monde étaient victimes de la variole. Cette année-là, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place son programme d’éradication de la maladie. Treize ans plus tard, elle était en mesure d’annoncer que l’objectif était atteint. En 1988, 350 000 personnes étaient victimes de la poliomyélite. L’OMS a lancé un autre plan d’urgence. Depuis, elle y a consacré plus de 3 milliards de dollars et a reçu l’aide de 20 millions de volontaires. Résultat : en 2003, on ne signalait plus que 784 cas de polio.

Ce qu’on a appelé la « révolution verte », qui a permis à des pays comme l’Inde et le Mexique de nourrir leur population, et même de devenir exportateurs de produits alimentaires, est presque entièrement l’oeuvre de l’aide étrangère, apportée en grand partie par diverses fondations occidentales et les organisations internationales. En 1960, l’Inde produisait 11 millions de tonnes de blé. En 1970, elle en récoltait 24 millions. La raison ? Des variétés de semences à haut rendement développées par des donateurs occidentaux. […]
Depuis un demi-siècle, 90 % des efforts engagés en vue de réduire la pauvreté dans le monde se sont concentrés sur l’Asie orientale. Résultat : 700 millions d’êtres humains ont été arrachés à l’extrême pauvreté. La quasi-totalité de ces efforts a été entreprise dans des pays soumis à des régimes autoritaires : la Chine, Taiwan, la Corée du Sud et l’Indonésie notamment (tous, à l’exception de la Chine, se sont, depuis, démocratisés).
Le fond du problème est qu’il n’y a pas de réponse simple, unique, pour combattre la pauvreté. Jeffrey Sachs a commencé sa carrière en se faisant l’avocat d’une « thérapie de choc », invitant les pays à se convertir rapidement à l’économie de marché, seul moyen, selon lui, d’engager le développement. Depuis, il a quelque peu nuancé sa position, non pas parce qu’il a perdu sa foi dans le marché, mais parce qu’il a compris que le marché ne peut pas tout faire. […]

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Tous les matins, écrit Sachs, les journaux pourraient titrer : « 20 000 personnes sont mortes hier d’extrême pauvreté. » Parmi ces morts, 8 000 enfants emportés par le paludisme et 5 000 adultes victimes de la tuberculose. Beaucoup de ces décès pourraient être évités. Cette bataille contre l’extrême pauvreté devrait être le grand combat de notre époque. Un point sur lequel la droite américaine est fort silencieuse. Paul Wolfowitz, le futur président de la Banque mondiale, pourrait changer tout cela.

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