Casse et castagne à Bamako

Mécontents de la défaite de la sélection nationale de football face au Togo, les supporteurs ont mis à sac la capitale.

Publié le 4 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Stade du 26-Mars saccagé, voitures brûlées, boutiques et restaurants pillés, monuments détruits, siège du Comité national olympique incendié, locaux de la Fédération de football assiégés… Bamako a vécu le 27 mars, une indicible soirée d’émeutes. La capitale n’en avait pas connu de telles depuis celles du 26 mars 1991, qui avaient mis fin à plusieurs décennies de dictature militaire.
Dimanche 27 mars, les Aigles du Mali affrontent, à l’occasion des éliminatoires Coupe du monde-Coupe d’Afrique des nations 2006, les Faucons togolais. Une bataille de rapaces qui tourne à la 90e minute à l’avantage des visiteurs, déjà vainqueurs à l’aller (1-0). À peine le Togolais Chérif Souleymane Mama glane-t-il le but de la victoire que les supporteurs locaux furieux déferlent sur la pelouse, interrompant le match. La police réplique par des tirs de grenades lacrymogènes. Les joueurs se réfugient dans les vestiaires où ils doivent patienter pendant quatre heures avant d’être évacués sous bonne escorte.
Pendant ce temps, la foule en colère déferle sur la ville. Aux cris de : « Donnez-nous Frédéric Kanouté et Mamadou Bakayoko [les deux attaquants maliens] ! Nous allons les tuer ! » supporteurs déchaînés et casseurs jouent, jusqu’à tard dans la nuit, les émeutiers, bloquent les routes et le pont des Martyrs enflamment des pneus, détruisent les feux de signalisation, dévastent les commerces… Bilan : de très nombreux blessés, des arrestations par dizaines et plusieurs milliards de F CFA de dégâts. Le lendemain, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga intervient à la radio. Il félicite les Togolais, fustige le comportement antisportif de ses compatriotes et annonce que le gouvernement réparera les préjudices.
Au-delà des défaillances de l’organisation et notamment des négligences sécuritaires qui entraîneront des sanctions sévères de la Fifa, l’échec sportif des Aigles – ils sont éliminés du Mondial et de la CAN 2006 – qui a servi de détonateur aux émeutes porte la responsabilité de l’instance de tutelle. Après l’accalmie heureuse de la CAN 2002, les mauvaises habitudes avaient repris dans le football malien : choix contestables des sélectionneurs nationaux (une démission et deux limogeages depuis la CAN 2004), relations tendues avec les professionnels expatriés, préparation à la va-vite, népotisme et pilotage à vue… Le 11 octobre, après la défaite de l’équipe nationale à Lomé, des supporteurs mécontents ont marchésur le siège de la Fédération (Fémafoot) à Bamako. Quelques jours après, le Premier ministre charge une mission du Contrôle général d’État d’éplucher les livres comptables de la Fémafoot. Et le 20 février, il préside une journée de réflexion sur le sport malien. Au coeur du débat, la médiocrité des résultats des Aigles qui « constitue aujourd’hui une préoccupation majeure ne laissant aucun Malien indifférent ».

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