Libye : l’argent de l’Union européenne finance-t-il le business des migrants ?

Au lieu d’assurer le contrôle des flux migratoires réclamé et financé par l’UE, les puissants chefs des milices libyennes s’enrichissent sans vergogne sur le dos des migrants. Enquête.

Des migrants sur le point d’être expulsés vers leur pays d’origine, à l’aéroport de Misrata, le 16 novembre 2021. © REUTERS/Ayman Al-Sahili

Publié le 9 février 2022 Lecture : 4 minutes.

Détentions arbitraires, travail forcé, extorsion, trafic d’être humain… En Libye, les migrants sont au cœur d’un business bien huilé orchestré par des milices, sous la couverture d’une action gouvernementale. Le « modèle économique » est simple : des chefs de milice perçoivent de l’argent pour gérer les centres de détention et empêcher les migrants de prendre la mer pour gagner l’Europe, et augmentent leurs revenus en monnayant la liberté des détenus.

L’État, en proie à l’insécurité et à l’instabilité politique, renforcée par le report sine die des élections, a ainsi délégué la gestion migratoire à une série de chefs de milice depuis plusieurs années.

Tandis que les rapports des ONG sur les violences subies par les migrants se multiplient, certaines milices sont désormais incontournables dans « le contrôle du flux migratoire » demandé par l’Union européenne (UE). Celle-ci a alloué 57 millions d’euros à son programme lié à la migration depuis la Libye. Il comprend la fourniture d’équipements (2 bateaux, des SUV et 10 bus) et une formation des garde-côtes libyens.

« Bija », chef du réseau

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