Salah Zghidi

Fondateur de l’Association culturelle tunisienne pour la défense de la laïcité, en attente de légalisation

Publié le 4 février 2008 Lecture : 2 minutes.

1 Jeune Afrique : Comment est née l’idée d’une telle association ?
Salah Zghidi : Le projet date d’avril 2004. Nous avons décidé de le réactiver devant la régression des acquis laïcs et la démission des partis politiques. Nous pensons que s’il y a une région arabe où la laïcité doit être défendue, c’est bien en Tunisie, notre pays ayant été à l’avant-garde de la sécularisation, notamment avec le code du statut personnel. Nos membres sont des intellectuels, une majorité d’enseignants et de chercheurs, des gens de gauche qui ont rompu avec les partis politiques ou qui n’y ont jamais mis les pieds et qui estiment aujourd’hui qu’il y a un combat sociétal plus important que la bataille politicienne, celui de la laïcité.

2 Quel est l’objectif que vous poursuivez ?
Affirmer l’existence des laïcs en tant que tels et de la laïcité comme point de vue. Refuser que la religion ait quelque rapport que ce soit avec l’État ou que la charia soit la référence de nos lois. Nous posons la modernité à partir de l’exigence du siècle et des aspirations des gens. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas croyants, mais la foi est une affaire personnelle. Nous avons choisi de nous positionner en dehors du système de la pensée religieuse, convaincus que la religion doit rester dans la sphère privée. Bref, nous voulons un État de citoyens et non un État de croyants.

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3 Pensez-vous réussir à rallier une majorité de Tunisiens ?
Pourquoi pas ? Même si le terme de laïcité fait peur et que la propagande islamiste fait croire aux gens qu’il est synonyme de kofr [hérésie]. Les partis d’opposition évitent d’ailleurs de prendre à leur compte ce thème, craignant d’être vus comme des hérétiques et de faire fuir le bon peuple. Nous ne faisons pas de politique. Notre association est à but culturel, c’est un courant de pensée, une forme de résistance pour que nos filles ne soient pas demain obligées de porter le voile ou de subir à nouveau la répudiation et la polygamie.

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